Morgane Tschiember
Iron Maiden
Ici, point de références à de quelconques airs de vieux hard rock, mais de véritables dames de fer, littérales et sublimes viennent prendre possession de l’espace. Se dressant face aux visiteurs, elles ondulent sensuellement tout autant qu’elles viennent trancher dans le vide. Leur corporéité de feuilles de métal courbes crée des pleins et des déliés enserrant en leur sein un peu d’espace. A la manière d’un Richard Serra impénétrable ou d’un Ellsworth Kelly qui tenterait de se déployer en intérieur, ces ellipses métalliques jouent de leur apparente légèreté qui vient tout en finesse contredire leur monumentalité. Autres jeux, celui de leur fabrication nécessitant des moyens industriels s’affrontant à leur unicité, et celui de leur peinture appliquée au pistolet de carrossier dardant ses coloris délicats et changeants sur les courbes lisses. Redessinant ainsi une certaine histoire de la peinture américaine dans l’espace, Morgane Tschiember propose avec ses Iron Maiden une vision presqu’autant sculpturale que picturale des rapports colorés qui l’intéressent depuis les tout débuts de son œuvre. Non sans rappeler en effet, par leur taille et leur dessin incurvé, Parallèle, cette sculpture-route présentée dans l’exposition «Zones Arides» au Lieu Unique à Nantes fin 2006 et lors de la biennale de l’Estuaire durant l’été 2007, les Iron Maiden travaillent cette fois-ci la physicité de la couleur sur un mode plus évanescent, à la fois frontal et fuyant.
Complétant ces propositions spatiales, un recueil d’images laissant la part belle aux infusions-diffusions de couleur que la jeune artiste affectionne est édité par la galerie. Photographies au sens le plus pur de couleurs révélées par la lumière, ces polychromes de Morgane Tschiember ne se laissent troubler par aucun texte ni circonscrire par aucun titre.
Aude Launay