Dans ses films, l’artiste français Pierre-Jean Giloux rend floue la frontière entre images réelles et images de synthèses. Entre 2010 et 2015, il a créé quatre court-métrages intitulés Metabolism, Japan Principle, Shrinking Cities et Stations, dans lesquels il bâtit virtuellement une architecture urbaine inspirée des utopies japonaises du XXe siècle. L’ensemble compose la tétralogie «Invisible Cities». Le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris propose d’en découvrir le premier volet, pour inaugurer son nouvel espace dédié aux Å“uvres vidéos, la White Box.
Metabolism, une architecture biologique
Metabolism est la première partie de la tétralogie «Invisible Cities» de Pierre-Jean Giloux. Il s’agit d’un film de onze minutes, dont le titre fait référence au mouvement architectural du même nom, qui s’est développé au Japon dans les années 1960. Les tenants du Métabolisme envisageaient l’urbanisme comme un processus organique et imaginaient de larges constructions urbaines à l’image des structures du vivant : des bâtiments et des gratte-ciel composés d’un agrégat d’unités semblables à des molécules, des cellules ou des synapses, par exemple.
Plusieurs projets des architectes et urbanistes métabolistes sont demeurés à l’état d’esquisses : « Helix City » de Kisho Kurokawa, composé d’immeubles qui prennent la forme en hélice de l’ADN, ou bien « Clusters in the air » d’Arata Isozaki, des arbres-immeubles au feuillage-appartements modulables. Ce sont les deux projets que Pierre-Jean Giloux a choisi de bâtir virtuellement dans son film Metabolism.
Metabolism : le spectre d’une vision futuriste passée
Parallèlement à la réflexion menée sur l’organisation spatiale des villes, le film Metabolism travaille également sur la temporalité. Pierre-Jean Giloux reconstruit en effet des projets architecturaux utopiques des années 1960, dans la ville de Tokyo telle qu’elle existait en 2015. Il intègre virtuellement, dans l’époque contemporaine, une vision du futur élaborée plus de cinquante ans auparavant. Les bâtiments recréés forment autant de spectres anachroniques qui interrogent notre propre conception de l’avenir.
Le film tisse ainsi un lien entre passé et présent, entre les utopies élaborées autrefois et celles que nous souhaitons construire pour demain. Le tout dans un dialogue entre réalité et fiction, à travers d’authentiques images de Tokyo, dans lesquelles se glissent des images de synthèses des projets architecturaux métabolistes. L’art numérique de Pierre-Jean Giloux s’accompagne d’une composition sonore créée par le musicien Lionel Marchetti.