La confrontation entre les œuvres du passé et du présent a souvent cela de salutaire qu’elle permet de souligner les permanences dans l’histoire des formes et l’histoire de la pensée. Profitant des espaces majestueux du Petit Palais récemment rénové et rouvert au public, la cinquantaine d’œuvres du Fmac sélectionnées se déploie dans un parcours qui a le mérite de permettre une nouvelle lecture des œuvres anciennes, tout en enrichissant de références les œuvres contemporaines.
Visible également à la Fiac 2007 avec trente-cinq de ses œuvres récemment acquises, la collection parisienne d’art contemporain compte aujourd’hui environ 3000 œuvres, sur un total de 20 000 œuvres toutes époques confondues, dont la plupart est exposé dans les lieux publics de la ville. Vingt ans après sa création, il était temps qu’une partie de cette collection soit montrée au public, dans le cadre d’une exposition artistique, et non simplement comme facteur d’amélioration du cadre de vie des Parisiens.
Avec humour, les bottes de paille de Didier Marcel (Sans titre, 1999), accueillent le visiteur dans l’entrée du bâtiment, faisant rimer leurs courbes avec les voûtes en plein cintre de la nef consacrée aux objets d’art. S’y trouvent notamment confrontés une céramique à motifs floraux en forme de planche de skateboard de Bruno Peinado (Influenza Rainbow Warriors, 2003) et des œuvres à la ligne Art Nouveau, ou une précieuse Tête en billes (1998) de Richard Fauguet et des verreries d’Emile Gallé.
Certaines associations sont particulièrement audacieuses, comme la Définition-méthode associée n°195 (2002) de Claude Rutault et un paravent du XVIIIe siècle, ou les porcelaines sanitaires de Contrôle (1997) de Boris Achour et la finesse de porcelaines de Sèvres.
Dans la longue courbe de la galerie du naturalisme, un Nu rose hyperréaliste (1995) de Vincent Corpet rejoint les nus pleins de Maillol, l’image d’un nuage menaçant de Laurent Grasso, tiré de la vidéo Projection (2005) s’adapte aux Pompier courant à l’incendie (1851) de Courbet, tandis que les ombres passantes de Djamel Tatah (Sans titre, 1997) suivent les figures misérabilistes de La Bouchée de pain (1891) de Fernand Pelez.
A l’étage inférieur, dans la salle abritant habituellement les grès et bronzes du sculpteur Carriès (actuellement exposés ailleurs dans le musée, à l’occasion d’une rétrospective qui lui est consacrée) sont accrochés une série de dessins évoquant plus ou moins les figures grimaçantes de l’artiste, notamment des Gargouilles (1999) de Basserode. Une étrange photographie de Florence Paradeis, America (1994), représentant une femme dans une voiture, donnant le sein à son enfant, affronte une Vierge à l’Enfant de la Renaissance, tandis q’un Autoportrait malicieux (1989) de Chéri Samba ponctue avec humour la salles des portraits du XIXe siècle. Autant d’«intrusions» stimulantes du contemporain dans la trame dense de l’histoire de l’art.
Chéri Samba
— Autoportrait, 1989. Huile sur toile. 80 x 94 cm.
Florence Paradeis
— America, 1994. Cibachrome, tirage R3 contrecollé sur dibond et plastifié. 106,5 x 160 cm.
Laurent Grasso
— Sans titre, 2005. Cinq photographies noir et blanc, tirage lambda contrecollé sur métal. 70 x 100 cm.
Samuel Rousseau
— Sans titre (bulle), 2001. Acier, bois, résine, plastique. 72 éléments dont 70 bidons. 190 x 200 x 200 cm.
Adel Abdesssemed
— Mes amis, 2005. Photographie couleur contrecollée sur aluminium. 50 x 67 cm.
Basserode
— Sans titre (gargouilles), 1999. Mine de plomb, mine carrée, fusain et encre sur papier, trois éléments. 82 x 65 cm.
Roderick Buchanan
— The Croppy Boy : Self Portrait and Headless Statue, 2003. Photographie couleur numérique montée sur dibond, diptyque, 37 x 150 cm.
Max Neumann
— Ich kann mich nicht mehr daran erinnerm, 1982. Charbon et tempera sur toile. 105 x 120 cm.
Arnulf Rainer
— Visage avec Goya, 1989. Encre et crayon sur photographie. 25,4 x 20,3 cm.
— Visage avec Goya, 1989. Encre et crayon sur photographie. 25,4 x 17,1 cm.
François Ribes
— Sans titre (crâne « sapin » aux trois boules à la base), sans date. Pierre noire.
— Sans titre (autoportrait manqué organes sympas), sans date. Pierre noire, dessin inachevé. 42 x 29 cm.
Daniel Schlier
— Tête avec cheval, 1991. Peinture sous verre. 69 x 87 cm.
Marie-Ange Guilleminot
— Collant sac à dos / sac à dos collant, 1997. Tirage light jet 5000 sur papier. 27 x 40 cm.
Claire-Jeanne Jézéquel
— A côté de la plaque, 1999. Contreplaqué souple, mastic blanc. Incrusté, tréteaux. 49 x 373 x 129 cm.
Anri Sala
— Casa zoo II, 2001. Photographie couleur contrecollée sur aluminium. 110 x 165 cm.