L’exposition « Introspective » au LaM de Villeneuve d’Ascq revient sur la carrière de Michel Nedjar en mettant en lumière les multiples facettes de l’œuvre de l’artiste français : ses sculptures, peintures, dessins et films expérimentaux.
L’œuvre de Michel Nedjar aborde de multiples médiums
L’œuvre de Michel Nedjar occupe une place majeure au sein du LaM qui détient environ trois cents œuvres de l’artiste, une large part de sa bibliothèque et ses archives. Cela permet au LaM d’offrir une rétrospective qui couvre plus de quarante-cinq ans de création et qui explore de façon exhaustive tous les aspects de son travail.
L’exposition s’organise de façon chronologique, tout en mettant en exergue les principaux thèmes qui traversent l’œuvre de Michel Nedjar : le primitivisme, l’enfance, les voyages, Eros et Thanatos, les objets de culte et la magie.
Le parcours s’ouvre sur les toutes premières réalisations de Michel Nedjar, de 1960 à 1978. On découvre en particulier ses premières poupées, qu’il crée très jeune, à partir des morceaux cassés des poupées de ses sœurs et des restes de tissu de son père qui était tailleur. Celles réalisées plus tard, dans les années 1970, sont faites de tissus colorés et, comme les bas-reliefs qu’ils crée à la même période, sont nourries d’inspirations mexicaines, mystiques et baroques.
Des poupées aux films expérimentaux, une exploration de la matière et du corps
La salle suivante reflète une période prolifique de la carrière de Michel Nedjar. De 1978 à 1986, il poursuit une œuvre qui s’exprime déjà à travers de nombreux médiums : sculpture, graphisme, peintures et cinéma. De sombres poupées et masques nourris par une forte dépression sont travaillés comme des sculptures, des tissus de récupération étant enduits de boue et de teinture avant d’être modelés. Les films expérimentaux Gestuel, Ombres-ailes, À quoi rêve l’araignée ou encore Capitale-paysage explorent le corps masculin et le désir.
La période de 1986 à 1992, au cours de laquelle Michel Nedjar décide de se consacrer entièrement au dessin, est représentée par les séries Foules, Icônes et Animo, dans lesquelles l’artiste explore la matière. Un travail sur le support (papier traditionnel mais aussi papiers de récupération ou journaux) et la technique (utilisation de la cire et du fer à repasser sur des dessins tracés au doigt) rapproche ces œuvres des poupées et de l’exploration du corps opérée dans les films expérimentaux.
La dernière partie de l’exposition rassemble des œuvres illustrant le retour vers la lumière de Michel Nedjar après une période marquée par la perte de nombreux amis. Une série de poupées représentent la reine Esther, le roi Assuréus et leur entourage dans les Poupées Pourim, une évocation de la fête juive de Pourim. Des œuvres réalisées à partir des années 2000, ont pour motifs récurrents le fil et l’aiguille, symbole du temps de la réparation. Les Coudrages ont ainsi des patchworks associant des images de sources variées : des paquets de cigarettes, des prospectus publicitaires, d’anciennes photographies, des cartes postales et des morceaux de textes. Une façon de recoudre tous les éléments d’une vie.