Collectif CP5
Intimité collective. A vos Bics
La pratique de «La Chambre vide» est une pratique d’observation et d’élaboration où l’œuvre est le terrain de rencontre. Une pratique «d’intimité collective» qui met à jour l’aube de la création à travers la présence. Des propositions de partage, de récitals et d’expérimentation y seront proposées. Face à cette chambre, l’exposition «A vos Bics», est aussi un moyen d’affirmer que l’utopie et la création sont à la portée de tous pour qui veut s’en saisir. L’expérience de la rencontre est un matériau.
Sur l’invitation de Françoise Perronno, six plasticiens, graphistes et vidéastes, dont ce n’est pas le médium de prédilection, produisent et exposent une Å“uvre faite au stylo bille. Moyen rudimentaire à la portée de tous, notamment utilisé par l’Art Brut et relevant a priori du domaine de l’écriture, le stylo bille permet une pratique artistique faite de peu qui tend à révéler la maturité du geste. Les travaux de Sophie Coursimault, Adeline Frossard, Elodie Lombarde, Françoise Perronno, Estelle Peuron, Gwenaëlle Rebillard se répondent avec éloquence et délicatesse.
Se plaçant à la fois en continuité de leurs recherches habituelles et dans le plaisir de l’expérimentation, l’exposition ouvre des horizons sans qu’aucune prétention domine le geste. La finesse des dessins sur calque qu’Elodie Lombarde propose en reprise des images médiatiques de catastrophes maritimes, font échos à l’expérience brute de l’encre sur carrelage qu’Estelle Peuron expérimente pour l’occasion tout autant qu’à la transparence des plaques de verre de Françoise Perronno.
Chacune offre la précision d’une intimité et la puissance d’une découverte.
«Sous la pression des coups du Bic huileux, la feuille blanche se courbe. Les traits, plus fins, plus nerveux, se démultiplient, la trame devient plus précise. Le velouté sourd du fusain fait place aux reflets brillants de l’encre, intensifiant l’inquiétante profondeur de ces paysages aux accents métalliques» nous dit Adeline Frossard. Alors que Gwenaelle Rebillard semble réinvestir les échappées graphiques du brin d’herbe par lesquelles elle construit par ailleurs des espaces à la taille du paysage pour écrire son poème lent «dans le temps même du dessin, improvisant par réajustements successifs et dans la lenteur du geste». Et si Françoise Perronno rend hommage à l’émotion provoquée par les héliographies de Peter Henry Emerson, elle propose dans son installation et par cette invitation, un véritable hymne à la digression, à l’expérimentation sensible et au plaisir de la rencontre en art. Ce à quoi la Galerie du Buisson ne pouvait qu’être sensible, laissant voguer le regard jusqu’aux carnets-agenda que la graphiste Sophie Coursimault laisse à disposition pour l’occasion.