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Installations : l’art en situation

Hier polémique, l’installation appartient désormais pleinement au champ de l’art. De ses origines aux dernières réalisations, cet ouvrage très bien illustré fait le point sur une pratique novatrice et en perpétuelle évolution, ici répartie en quatre catégories spécifiques.

— Éditeur(s) : Thames & Hudson, Paris
— Année : 1997
— Format : 23,50 x 27,50 cm
— Illustrations : 260 dont 167 en couleurs
— Page(s) : 208
— Langue(s) : français
— ISBN : 2-87811-119-2
— Prix : 39,95 €

Avant-propos
par Nicholas de Oliveira, Nicola Oxley et Michael Petry

Installation, au sens proposé par cet ouvrage, est un terme relativement nouveau. Cela fait seulement une dizaine d’année qu’il est employé pour décrire un type de création artistique qui rejette la concentration sur un objet exclusif pour mieux considérer les relations entre plusieurs éléments ou l’interaction entre les choses et leurs contextes. Cet ouvrage s’organise autour de quatre grandes sections : site, médias, musée et architecture. Ces catégories ne sont pas définitivement cloisonnées, et de nombreux artistes font un travail qui relève de plusieurs d’entre elles. Cette structure n’est pas arbitraire puisque l’organisation thématique des sections contribue à la définition même du terme installation. RoseLee Goldberg a titré un article de 1975 « L’espace comme praxis » : c’est précisément ce sens de l’espace en dialogue actif avec les choses et les gens qu’il contient qui se trouve au cœur du sujet. Le terme couvre à la fois les procédés qui activent les significations potentielles d’un lieu spécifique, ceux qui confrontent temps et espaces réels aux sphères imaginaires des différents médias électroniques, les procédés qui mettent en question les vérités culturelles dictées par les modèles de collection, d’enseignement et d’exposition de l’art dans les lieux institutionnels ou encore ceux qui lient l’espace social dans lequel ils opèrent à la conception architecturale du public, du privé et du collectif.

C’est peut-être parce que l’histoire de l’installation est si récente que le terme qui la définit semble jouir d’une grande variabilité de sens. Cela n’empêche pas certaines galeries de s’y consacrer entièrement ou partiellement : depuis De Appel à Amsterdam au début des années 1970 jusqu’à la Mattress Factory de Pittsburgh, la Matt’s Gallery de Londres et finalement le Museum of Installation de Londres à la fin des années 1980. Parallèlement à l’ouverture de ces petites galeries, les installations se sont multipliées au sein des grandes expositions collectives du circuit artistique international. « Ambiente », par exemple, fut présenté lors de la Biennale de Venise dès 1976. Plus récemment, il y a eu le projet « Chambres d’amis » en 1986, pour lequel les artistes utilisèrent des pièces à l’intérieur de maisons privées dans toute la ville de Gand, le « Skulptur Projekte » de 1987, sur des sites autour de Münster, et « Die Endlichkeit der Freiheit », en 1990 à Berlin. En 1991, le Carnegie International commanda des installations à de nombreux artistes lauréats pour les collections du Carnegie Museum et la Documenta de 1992 comprenait un certain nombre d’installations que ce soit dans les galeries ou en plein air, dans les rues et les parcs de la ville de Cassel.

L’idée d’écrire une histoire de l’installation peut sembler étrange compte tenu du caractère récent de cette pratique. Un historique est toutefois possible, mais il ne doit pas se borner à lister les occasions où des formes similaires aux installations d’aujourd’hui ont pu apparaître. Une telle liste est d’ailleurs facile à dresser : les assemblages futuristes, les collages cubistes, les ready-made de Duchamp, le dadaï;sme et les constructions de Schwitters et Baader, El Lissitzky et l’approche constructiviste de l’espace, Duchamp et ses contributions aux expositions surréalistes de 1938 et 1942, le « spatialisme » de Fontana, les assemblages, les happenings, Klein et Manzoni, les tableaux pop de Kienholz, Oldenburg, Segal et Thek, Fluxus, le minimalisme, le Land Art, l’Arte Povera, le Process Art, le conceptualisme… Voilà ni plus ni moins une histoire de l’art moderne. Mieux vaudrait extraire de cette histoire certaines idées et surtout la notion que l’espace et le temps (C’est-à-dire la durée réelle plutôt que la notion abstraite) constituent en eux-mêmes des matériaux pour la création artistique. Nous devons également prendre en compte la tendance de l’art à fusionner avec la vie, tendance que l’on a pu observer tout au long du modernisme.

(Publié avec l’aimable autorisation des éditions Thames & Hudson)

Les auteurs

Nicholas de Oliveira et Nicola Oxley enseignent tous deux à la London Guildhall University. Michael Petry est à la fois artiste et critique d’art. Ensemble ils ont fondé, en 1990, le Museum of Installation de Londres, qu’ils dirigent. C’est le seul musée au monde consacré exclusivement à cette forme d’art.
Michael Archer est un collaborateur régulier d’Art Monthly et d’Artforum. Il enseigne l’histoire de l’art et du design au Chelsea College of Art and Design de Londres.

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