Communiqué de presse
Floriane de Lassée
Inside Views
D’une fenêtre à l’autre, les yeux sont rivés sur la captivante activité urbaine ; c’est la nuit. Les photographies de Floriane de Lassée pratiquent une ouverture sur des métropoles lumineuses et opulentes. La photographe enregistre leur expansion, leur volubilité.
Lieu par excellence de la circulation des biens et des hommes, la ville incite aux déambulations : notre regard dans l’image va et vient incessamment, tandis que les baies vitrées, d’où sont pris les clichés, nous renvoient à notre propre solitude face au spectacle du monde. C’est pourquoi, aujourd’hui, Floriane de Lassée cherche à redoubler ce hiatus. Ses photographies sont comme de larges fenêtres ouvertes qui confrontent l’hyperactivité de la ville et le calme de la solitude nocturne.
Ainsi, met-elle en scène tantôt des personnages perdus dans leurs pensées depuis leurs fenêtres ou leurs balcons tantôt des silhouettes aériennes et presque incorporelles, évanescentes. Les premiers plans serrés s’opposent à ceux ouverts et profonds de la ville.
Cette tension n’endosse pas le nom de New York, Tokyo, Shanghai, Moscou ou Paris où Floriane de Lassée a transporté sa chambre photographique depuis 2005. Elle est symptomatique des cités de la démesure dont les visages sont presque interchangeables. A la ville générique répond une numérotation distanciée des clichés qui coupent court à la singularisation et à l’anecdotique. « Je ne photographie pas des villes, mais La Ville, une sorte de ville imaginaire qui habite chaque mégalopole. »
La ville a souvent été exploitée par les artistes ; de Charles Baudelaire à Michel Butor, de Eugène Atget à Axel Hütte, elle est un topos fécond souvent associé à la modernité. En contrepoint, les photographies de Floriane de Lassée offrent la possibilité de goûter à l’évasion, rêverie incontrôlée d’un esprit happé par la lumière artificielle. « Patiemment, j’attends l’intimité de la nuit. »
A partir de ces visions de la vie des autres, l’artiste construit des mises en scène captées par des temps de pose pouvant aller jusqu’à dix minutes. Après avoir disposé son appareil photo sur le toit d’un immeuble, elle l’abandonne pour aller s’installer à la fenêtre ou sur le balcon du building d’en face. Elle est ainsi auteur et sujet de ses photographies, elle est aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des gratte-ciel qui la fascinent.
Afin de rendre son travail unique et de se démarquer de la photographie publicitaire qui, elle aussi, raffole des vues nocturnes, Floriane de Lassée jongle avec les formes, la luminosité et les couleurs pour produire des images graphiques et harmonieuses. Généralement, un élément fort apparaît au premier plan tandis que l’arrière-plan rappelle un décor de théâtre. Chaque cliché est pensé pour devenir une sorte de jeu visuel. La ville apparaît dans son imposante majesté, déploie sa beauté froide. Mais dans cet océan de vitres, de béton et de fer, se glissent des silhouettes dont la présence réchauffe l’impassible mégalopole de leur humanité. Ces personnages semblent perdus dans leurs pensées et on ne peut s’empêcher de leur imaginer une identité ou d’inventer le scénario de leur vie.
Le vernissage se déroulera de 18h à 21h.
critique
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