Floriane de Lassée
Inside Views
Après Shanghai et Macao, Floriane de Lassée a choisi Pékin comme troisième site chinois d’investigation. Cette ville ancestrale, autrement appelée capitale du nord en mandarin, Beijing, est aujourd’hui le théâtre de mutations colossales. Les Jeux olympiques de 2008 ont été l’occasion de modifier son visage: désormais la cité interdite et le Temple du ciel côtoient les tractopelles et les gratte-ciel de verre et d’acier.
Cette réorganisation, sans précédent dans l’architecture mondiale, n’a pas manqué d’intérêt pour la photographe qui y a transporté sa chambre photographique. En effet, en voulant devenir une ville d’envergure internationale, Pékin, plus traditionnelle que sa consoeur, Shanghai, transforme en profondeur sa morphologie. Les grandes étendues horizontales ont fait place aux vertiges de Babel.
Les photographies de nuit de Floriane de Lassée attestent ce changement et sont l’occasion, renouvelée, d’insister sur le décalage criant entre la grandiloquence architecturale et la solitude humaine. Ce hiatus est renforcé par ses mises en scène desquelles se dégage une mélancolie, en particulier celles qui présentent un personnage de dos ce qui n’est pas sans évoquer la mélancolie romantique de certains tableaux de Gaspar David Friedrich. De même, la construction de ses images, tantôt panoramiques pour renforcer la sensation d’une ville tentaculaire, tantôt structurées par un plan large et un plan frontal, reproduit ces différences d’échelle.
Seulement, aujourd’hui, ces villes opulentes qui affichent leur richesse par des lumières de toutes les couleurs cherchent à maîtriser leurs dépenses énergétiques par soucis économique et écologique. Ainsi, les villes, la nuit, commencent à s’éteindre, Floriane de Lassée continuera-t-elle alors à capturer les feux des mégalopoles ?
critique
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