Sven Kroner
Inside Out
Né en 1973 à Kempten en Allemagne, Sven Kroner délaisse un temps les espaces romantiques d’une nature sauvage et indomptée pour la figure, non moins romantique, de la fenêtre. Le peintre invite le spectateur à entrer dans les espaces intimistes de son atelier et de sa maison. Jouant des effets de transparence et de lumière, il crée une ambivalence entre l’espace interne et externe, entre la scène d’intérieur et le paysage.
Ces fenêtres, peintes ou même suggérées par leurs ombres propres, se lisent comme un héritage pictural de la finestra d’Alberti: des espaces d’ouverture sur le monde mais aussi d’expérimentation picturale. Les vues de Sven Kroner sont des jeux de pistes pour le regard. Celui-ci dévoile le paysage par touches subtiles et par le travail de la matière. Le spectateur est invité à deviner l’extérieur qui se dessine au travers des puzzles de verre coloré ou embué.
Les toiles lumineuses frappent par leur calme et leur impression d’immobilité, immobilité que l’on retrouve dans les figures post-apocalyptiques des péniches. Que ce soit dans la série des fenêtres ou dans la série des péniches, l’impression de silence hivernal ressentie par le spectateur, qui adopte ici le point de vue de l’artiste, est amplifiée par la lumière froide que le peintre allemand rend palpable. C’est tout entier que le peintre nous plonge dans ces espaces reconstitués sur la toile.
Ces toiles se veulent comme la construction ou la reconstitution d’un espace mental propre à l’artiste dans lequel le spectateur est plongé. Entre espace clos et espace ouvert, Sven Kroner offre un jeu de miroir sans toutefois se départir de son humour habituel que l’on retrouve disséminé en quelques signes dans ces toiles: un dessin au doigt dans une vitre sale et embuée, une interjection de colère sur le parebrise enneigé d’une voiture, ou encore un brise glace négligemment posé sur le sol comme un clin d’œil à sa série de toiles réalisées en 2012. Mais c’est surtout en dispersant des ersatz de peintures au sein même de ses toiles que l’artiste fait preuve de dérision et offre un clin d’œil à ses productions passées, comme un dernier hommage au paysage.
Vernissage
Samedi 7 novembre 2015