Oliver Payne & Nick Relph
Insert Brian Degraw
Amis depuis le collège, Oliver Payne & Nick Relph traversent l’adolescence avec une passion commune pour le skateboard, la musique indépendante et découvrent Londres par le biais de ces pratiques.
Ils quittent discrètement leur école d’art en fin de deuxième année, ils s’y ennuient profondément. Ils font néanmoins une entrée fracassante sur la scène internationale de l’art en réalisant entre 1999 et 2001, à peine âgés de 20 ans, trois films vidéo d’un genre nouveau qui forment une trilogie essentielle des années 00.
Centré sur la ville de Londres, le premier réalisé en 1999, titré « Driftwood », étudie par le prisme du skateboard l’évolution urbanistique de la ville.
Le deuxième, « House & Garage », 2000, fait du désoeuvrement de la banlieue une recherche esthétique quand le troisième, « Jungle », 2001, porte sur la désolation des campagnes anglaises.
Ces moyens métrages conjuguent un style documentaire et de vidéo surveillance avec l’abstraction de certains films expérimentaux. D’autres vidéos suivront au rythme de une par an.
Payne & Relph ont déménagé à New York et leurs vidéos se défont de l’approche sociologique des premiers films pour glisser vers le clip vidéo.
Agrégat d’images de la « youth culture », du rastafarai au groupe d’ados répétant dans des garages, « Mixtape », 2002 est une succession d’images très riches et très travaillées qui colle parfaitement à la bande-son entêtante et savante « You’re no good », un standard de la musique soul revisité par Terry Riley.
Oliver Payne & Nick Relph transforment des sujets sans intérêt, morceaux de déserts urbains, détails d’architecture sans qualité, en poésie visuelle.
Le motif et l’effet optique sont de plus en plus présents dans le travail des deux artistes. « Sonic the Warhol » met en scène la visite d’un zoo. Les têtes d’animaux ainsi que les visages des deux visiteurs sont remplacés par des avatars en surimpression, le tout sur une envoûtante bande-son de Brian Degraw.
Ils appartiennent à cette génération des années 90 dite sacrifiée, dépressive. Entre un humour omniprésent et une posture romantique affirmée, ils adorent traîner, flâner dans les nouveaux centres-villes, observer depuis la terrasse d’un café Starbuck leur monde partir en lambeaux.
Ils ont depuis longtemps fait le deuil des utopies et d’un quelconque infléchissement du monde par leur pratique, à peine insufflent-ils, dans l’esprit des dandys du XIVe siècle, de la poésie dans les formes les plus communes et ennuyeuses de nos villes.
Constatant que leurs groupes favoris et les icônes de la subculture se retrouvent aujourd’hui en jingles pour la télévision ou en imprimés sur T-shirt, ils utilisent d’autres stratégies : travailler en « famille », se tenir à distance des soirées branchées de l’art contemporain tout en faisant de chacune de leur apparition un événement.
Cette forme de résistance passive n’est pas sans rapport avec les attitudes situationnistes. Une pratique sérieuse de l’ennui, une forme de résilience est à l’oeuvre chez ces punks mondains.
Si tourner un film sauvage dans un Starbuck n’équivaut pas à le brûler, puisque se réapproprier la rue est avant tout pour eux une question esthétique, cela constitue néanmoins une possible réappropriation de la rue même.
En parallèle de leurs réalisations vidéographiques, Payne & Relph ont toujours produit des objets, des affiches, des photos ainsi que de nombreuses publications et livres d’artiste.
Pour leur première exposition personnelle en France, au Confort Moderne, les deux artistes intègrent l’espace d’exposition comme nouvelle problématique de leur travail.