ART | EXPO

Inouïe!

22 Juin - 03 Nov 2012
Vernissage le 21 Juin 2012

A la lisière entre le domaine des arts visuels et celui de la création musicale, les recherches de Rolf Julius se caractérisent par un lien étroit entre musique et sculpture. «Inouïe» propose de lui rendre hommage en invitant des artistes combinant recherches plastiques et contenus sonores.

Scoli Acosta, Michel Aubry, François Bouillon, Yves Chaudouët, Claude Closky, Andreas Dobler, Asta Gröting, Benjamin Hochart, Rolf Julius, Christian Marclay, Steven Pippin, Christoph Rütimann, Laurent Terras, Kelley Walker
Inouïe!

On assiste, depuis quelques années, dans le champ de l’art contemporain, à une intensification des relations entre les domaines visuels et sonores. Beaucoup d’artistes combinent recherches plastiques et musicales, et le mélange des genres semble aujourd’hui devenu incontournable. La disponibilité d’outils numériques et l’environnement médiatique saturé n’y sont sans doute pas pour rien; le rêve romantique du «gesamtkunstwerk» (œuvre d’art total) et les correspondances entre les sens (l’ouïe et la vue) semblent aujourd’hui à portée de main (de clic?).

Cette exposition estivale propose de détailler, à partir d’un ensemble d’œuvres les relations entre arts visuels et arts sonores selon trois catégories:
— Des œuvres muettes dont le contenu sonore est potentiel (Aubry, Bouillon, Closky, Gröting). Ainsi, dans cette œuvre ancienne de François Bouillon qui fait partie de la série nommée Instruments (de 1975 à 1980), l’artiste s’intéressait «à la fonction supposée de l’objet plastique et aux énergies susceptibles de l’animer». Appareil d’orientation pour Asta Gröting, équivalences entre conduits sonores et dimensions des sculptures pour Michel Aubry, compilation muette de scènes filmées d’explosions pour Claude Closky, ces œuvres déconstruisent nos habitudes visuelles et sonores et réajustent nos perceptions.

— Des œuvres sonores (Acosta, Julius, Pippin, Terras) dont les principes matériels sont à rapprocher des instruments de musique, qu’ils soient à vents, percussifs ou synthétiques. On insistera sur la présence d’un ensemble remarquable de petites sculptures sonores de Rolf Julius qui s’intéressa notamment à la surface des sons. La sculpture en canon de Laurent Terras repose sur un rythme répétitif, et, comme la plainte lancinante de la sculpture de Scoli Acosta, et celle obsédante du Wow & Flutter de Steven Pippin sont dépendantes du visiteur car équipées de détecteurs de présence.

— Des œuvres bidimensionnelles, enfin, aussi bien dessins que photographies, qu’on peut rapprocher des systèmes d’écriture sonore (les partitions offertes aux passants berlinois par Christian Marclay, la méthode graphique «dodécaphonique» selon Benjamin Hochart), ou évocatrices du silence (le grand dessin d’Andreas Dobler, la performance «neutralisante» de Christoph Rütimann).

Dans cette sélection, Rolf Julius a une place à part car ses œuvres peuvent être autant sculptures sonores (parfois muettes) que dessins ou photographies. Il révéla d’ailleurs le potentiel acoustique des galeries voûtées des Coopérateurs lors de sa rétrospective au printemps 2003. Dans un entretien publié en 2001, il déclarait: «Je crée un espace musical avec mes images. Avec ma musique, je crée un espace imagé. Les images et la musique sont équivalentes. Elles rencontrent l’esprit du regardeur et de l’auditeur et dans son intérieur, il en résulte quelque chose de nouveau». L’exposition «Inouïe» est dédiée à sa mémoire.
Yannick Miloux

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