Initium, ou le chemin de vie entre ciel et terre est une pièce pour cinq danseurs, conçue comme un voyage à travers le temps, au cœur du cycle de la vie. La chorégraphe Isabelle Cheveau y explore ce qui relie l’être humain à l’univers, dans un va et vient permanent entre l’intime et l’universel. Le vocabulaire contemporain s’enrichit du langage des danseurs d’âges, de corporalités et de cultures différentes, issus de formations techniques pluridisciplinaires. La vision de la chorégraphe et l’identité de chaque danseur se rejoignent dans l’écriture d’une danse plurielle qui offre une liberté d’évolution à cette création.
Sur le plateau, cinq «entités» se relaient. A la fois récepteurs et transmetteurs, elles poussent tour à tour à leur paroxysme énergie et vitesse, parcourent l’espace en circulations infinies, courbes, rotations et spirales. Dans la confusion générale des éléments et des matières, les danseurs explorent différents états de corps et tissent les fils visibles et invisibles qui nous relient à l’univers. Puis d’une vibration magmatique commune et traversés de l’énergie cosmique du ciel et de la terre, ils donnent peu à peu chair à l’humanité qui se crée.
Dans une confiance et une innocence primaires, les êtres se rencontrent, se découvrent, tissent entre eux des liens physiques. Les corps agissent et réagissent les uns par rapport aux autres dans le mouvement dansé. De ces relations physiques concrètes surgissent nos paradoxes humains. Comme des fenêtres ouvertes sur la vie d’autrui, plusieurs tableaux montrent notre dualité entre nos besoins de rapprochement et de fuite. Les tensions conflictuelles, physiques et émotionnelles qui nous constituent se développent et se transforment au fil des situations et du temps qui passe.
Plus l’être sensible avance sur le chemin de vie, plus il prend conscience de l’accélération du temps, du resserrement de l’espace, de son besoin d’individualité inaliénable et de son appartenance fusionnelle au groupe. L’urgence de ralentir s’impose. C’est le moment de se reconnecter à soi et au monde et, du haut de l’infiniment petit de son corps, de s’élever jusqu’à s’effacer. C’est ainsi que se dévoilent, au fil de la pièce, les corps et les visages qui portent les traces du chemin parcouru.
Initium, ou le chemin de vie entre ciel et terre est une invitation au cœur du sensible, de l’action et de l’émotion. Il s’articule à la manière d’un triptyque autour de trois volets: depuis le chaos originel, à notre présence charnelle dans le monde terrestre et jusqu’à l’élévation vers un monde céleste. «Car tout est dans tout», dit Isabelle Cheveau, «et dans tout, il y a toujours trois phases: une construction, une vie, une destruction».