Présentation
John Baldessari, Emmanuel Tibloux, Claire Moulène, François Aubart, Matt Mullican, Rosa Joly, Piero Golia, Marie De Brugerolle, Matt Lipps, Jean-Max Colard, Fabrice Reymond, Pascal Poyet, Jeanne Brun, Bastien Gallet, Tim Griffin, Alexander Dumbadze, Lucille Uhlrich, Thomas Golsenne, Georgia René-Worms, Agnès Tricoire, Paul Bernard, Jill Gasparina, Sophie Bonnet-Pourpet, Fabienne Radi, Thierry Raspail, Pablo Réol
Initiales 02
Artiste et enseignant star au sein de la prestigieuse école CalArts de Los Angeles, John Baldessari a formé des générations d’artistes. Il fit également l’objet d’une grande rétrospective à la Tate Modern en 2009. Agrémenté de nombreuses contributions d’artistes, mais aussi d’écrivains, de critiques d’art et de chercheurs, ce deuxième numéro de la revue Initiales se penche, entre autres, sur la généalogie dans laquelle s’inscrit cet artiste culte de la scène californienne.
Deux fois par ans, Initiales, revue produite et éditée par l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) de Lyon, esquisse les contours d’une galerie de «portraits en creux» en s’organisant autour de «figures-source», existantes ou fictives.
Organisée, à la façon d’une ellipse, autour de deux centres, un comité de rédaction interne à l’école et un comité de lecture qui lui est extérieur, Initiales rejoue en son sein l’hospitalité essentielle et féconde des écoles d’art et s’adresse aussi bien au champ de l’art contemporain et de la création d’aujourd’hui qu’au monde de l’enseignement et de la recherche —et plus largement à toute personne curieuse des opérations à l’œuvre dans la création, la pensée et la culture.
Réinitialiser Baldessari par Claire Moulène (Extrait, p.4)
«Après avoir tenté d’éclairer l’angle mort qu’occupa l’imprévisible George Maciunas dans l’histoire Fluxus, la revue Initiales met le cap sur une figure solaire qui irradia la côte Ouest des États-Unis et bien au-delà : John Baldessari.
Un personnage aux antipodes du premier donc, et une nouvelle donne de taille pour cette revue qui tente de s’immiscer dans les brèches de l’histoire de l’art et les percées de l’historiographie prospective. Chez J.B. tout est offert, tout a été décortiqué, épluché, disséqué. Depuis le bûcher originel de son Cremation project qui pose les bases du mythe, jusqu’aux peintures pop conceptuelles en passant par ce que Marie De Brugerolle — qui signe ici un stupéfiant parallèle entre l’œuvre de Giotto et celle de Baldessari — qualifie de «scénarimages».
Cette nouvelle règle du jeu, indexée en prime sur un contact permanent avec le studio Baldessari qui nous a fourni bon nombre d’images et d’informations, suppose en fait une plus grande rigueur. Car l’échiquier, lui, reste le même: ce numéro, comme ceux à venir, se constitue comme des monographies augmentées qui prennent appui sur une figure, une œuvre, un environnement, pour mieux faire assaut du contemporain.
Travailler avec et sur un artiste vivant dont l’œuvre toujours vivace continue d’innerver des générations de plasticiens, tout en gardant nos distances et en nous autorisant des sorties de route parfois audacieuses, voila le défi de cet Initiales J.B.
Coopératif, généreux, John Baldessari a ouvert grand les portes de sa banque d’images, allant jusqu’à créer une œuvre spécifique pour la revue: ce poster inédit et bavard, pensé comme un parchemin inséré dans chaque numéro. Mais la façon qu’il a de traduire à l’économie certaine de ses positions, ces ellipses si caractéristiques de son travail nous ont aussi grandement facilité la tâche, qui laissent place à d’autres lectures de l’œuvre et du personnage.
Volontairement, nous avons rendu plus visible l’architecture de ce deuxième numéro. Suivi dans un premier temps les diversions et les remous de «l’anti-pédagogie» baldessarienne telle qu’il l’a mise en pratique au sein de CalArts. Et la façon dont elle a fait école depuis. Tenté dans un deuxième chapitre de décrypter la recette de cette œuvre qui se construit par fragmentation, par collages et montages successifs exactement comme la bande passante du cinéma. Exactement comme le cinéma de Godard à qui Baldessari rend un hommage appuyé mais aussi ironique.
Avant de nous intéresser dans un troisième temps au contexte de production de John Baldessari et à la place tout à fait inédite qu’il occupa dans le champ de l’art, à la croisée de la côte Ouest et de la scène new-yorkaise, des États-Unis et de l’Europe, d’une tradition pop et d’un héritage conceptuel.»
Sommaire
Le double Å“illeton par Emmanuel Tibloux
Réinitialiser Baldessari par Claire Moulène
— I
More Than You Wanted To Know About John Baldessari par John Baldessari
Enseigner l’art dans un monde qui n’en a plus besoin par François Aubart
Memory Lane Or Driving To The Art Factory – entretien avec Matt Mullican par Rosa Joly
Mountain School Of Art par Piero Golia
Giotto Always Comes Back… par Marie de Brugerolle
— II
Horizon/s par Matt Lipps
La défiguration narrative par Jean-Max Colard
John De La Fontaine par Fabrice Reymond
De l’index (indications de jeu) par Pascal Poyet
Fugitives beautés – les « tableaux labils » de John Baldessari par Jeanne Brun
John Baldessari, une parenthèse sans fin (dans l’art conceptuel) par Bastien Gallet
— III
Yours in food par John Baldessari, Tim Griffin
Flux et reflux – des idées et des lieux par Alexander Dumbadze
Color is the key par Lucille Uhlrich
John Baldessari: né pour peindre par Thomas Golsenne, Georgia René-Worms
L‘image impossible – entretien avec Agnès Tricoire par Claire Moulène
J.B. versus G.P-O. par Paul Bernard
E comme ego, g comme go, o comme… à la gloire des artistes cartoonistes par Jill Gasparina
Générique pour une sitcom dont les personnages seraient des pierres semi-précieuses par Sophie Bonnet-Pourpet
L’appel de la barbe de l’ouest par Fabienne Radi
Coulisses d’une œuvre, entretien avec Thierry Raspail par Claire Moulène
Bienvenue par Pablo Réol