Regina VirseriusÂ
Inflexion
Mon rapport avec la photographie comme expression
J’utilise le médium photographique d’une manière que l’on pourrait qualifier d’«expérimentale»: chaque image dans l’expérience correspond à la formalisation d’une construction mentale où je rassemble tous les paramètres et données qui m’intéressent pour révéler le sujet: des esquisses, la lecture, le repérage de lieux, de personnages ou d’objets.
C’est par la sculpture, et donc par le travail sur les rapports entre espace, plan, volume, que je suis arrivée à la photographie comme moyen d’expression principal, toujours dans l’idée de l’œuvre comme une expérience d’alternance entre le dehors (le monde sensible), le dedans (le monde imaginaire) et le dehors (la mise en forme).
Ainsi l’outil photographique en lui-même m’intéresse-t-il dans la mesure où il constitue un médium entre le réel et l’imaginaire, et entre l’imaginaire et la perception du réel; il est déplacement et fragmentation d’une réflexion sur l’activité de l’observateur. Dans cette optique, la photographie a la capacité de manier la réflexion dans le sens où il y a une alternance entre le dedans et le dehors, et cela se fait par un cheminement intellectuel par l’analogie entre la pensée et la chose vue…
Le travail autour du corps
Mais l’imaginaire peut se déployer d’autant mieux que l’image se concentre sur l’essentiel, qu’elle est «dépouillée». Mes recherches sur le corps, ou les fragments du corps montrent ainsi que le passage du sujet par la prise de vue repose sur une construction imag(e)inaire qui permet de rendre l’invisible visible, comme on le voit dans ma série sur « les abats ».
Plus généralement, dans mon travail sur le corps, la figure que je choisis de mettre en scène pour la prise de vue se prête intégralement à cette recherche de dépouillement. Je suis intéressée par le corps lui-même, sa gravité, sa matière, sa plasticité ; c’est une préoccupation que l’on retrouve jusque dans la forme de présentation de ces images. Les prises de vue sont longues et je travaille uniquement avec la lumière du jour. Je recherche la suspension du temps, une sorte d’intemporalité où le modèle s’échappe de lui-même et devient un motif pictural.
Il y a dans la nouvelle série d’images que je suis en train d’élaborer, une recherche de cohérence entre la matérialité du motif pictural (le corps) et celle de l’image. Cette série intitulée Inflexion est ainsi une recherche photographique autour de la matière et de la texture à travers des fragments du corps et ses plis. Cette recherche m’a conduite à travailler sur le rendu de l’image elle-même. Ce sont des tirages dans lesquels l’image, très mate, est absorbée dans le papier par des passages successifs d’encre et non par l’imprégnation de la lumière sur une surface de gélatine argentique.
Regina Virserius
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Marie-Jeanne Caprasse sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Inflexion