Sarah Braman
Indian Summer
Sarah Braman est une artiste américaine qui participe avec discrétion et engagement à la vie artistique new yorkaise depuis plus de quinze ans. Au début des années 2000, elle fonde avec les artistes Phil Grauer et Wallace Withney la galerie Canada. Ils sont parmi les tous premiers à s’installer dans le Lower East Side de Manhattan au coeur du quartier chinois et développent depuis lors un programme indépendant et ambitieux proche de celui des espaces alternatifs ou autogérés.
Sarah Braman assemble des sculptures combinant le plexiglas, le bois, le tissu, la peinture, dans des agencements hétéroclites et des équilibres précaires. Son travail est assez méconnu et ses expositions rares. Quelques apparitions dans des expositions de groupe et deux expositions personnelles dans les galeries Canada et Museum52 à New York.
Sa première exposition européenne met en évidence la part visionnaire de son oeuvre. En effet la recrudescence de ce type de travail ne doit pas faire oublier que Sarah Braman en est l’une des pionnières. Jusqu’à présent cantonné à des espaces exigus son travail en résidence à Poitiers lui permet d’appréhender des volumes plus ambitieux et d’expérimenter de nouvelles formes.
Elle propose notamment de poursuivre ses dernières recherches en intégrant plus directement des éléments figuratifs dans ses compositions, comme des pièces détachées de carrosserie de voiture, des morceaux de meubles, de bureaux, d’étagères et des résidus en tout genre trouvés sur site. Une formule qui rend son travail plus complexe que les utilisations unitaires de matériaux.
Elle privilégie une approche artisanale, art and craft, low tech de la sculpture qui révèle un plaisir des matériaux, des couleurs et des formes. Les pièces semblent littéralement sans façade, ni avant ni arrière, dans un équilibre aussi savant que désinvolte.
Ses oeuvres qui peuvent apparaître au premier regard comme de simples structures abstraites et froides, invitent très vite le spectateur à naviguer tout autour afin de multiplier les points de vue, de s’en emparer.
La finesse des assemblages, le soin des matériaux, la générosité des formes appellent alors à une attention plus fine, plus physique, un soin, une envie de les cajoler.
Une approche brute et intelligente, sincère et sérieuse où le plaisir n’est jamais refoulé. Une réaction salvatrice aux récents discours intellectuels cyniques et au métalanguage autoréflexif qui semblent dominer un pan de l’art actuel.