L’exposition « Indexmakers » au 19, Centre régional d’art contemporain de Montbéliard, réunit une cinquantaine d’œuvres et projets reliés par la volonté de créer des connections et un bien commun en rendant visibles et accessibles des savoirs.
Créer des connections en rendant accessibles les savoirs
Les projets rassemblés dans l’exposition relèvent de domaines extrêmement différents et sont menés par des personnes très variées telles qu’un cyberactiviste, un artisan tisserand, un cuisinier, un artiste-éditeur, une femme indienne ou africaine, un artiste utilisant le tissage, un bibliographe, un bricoleur ou encore un intellectuel étudiant le post-colonialisme.
L’exposition repose sur l’idée portée par le chercheur en sciences culturelles Hartmut Böhme, selon laquelle une civilisation n’existe vraiment qu’à partir du moment où elle maîtrise les techniques permettant de relier les gens les uns aux autres. Sous le titre « Indexmakers » sont donc regroupés tous les champs d’activité qui relèvent de cette notion de connexion, des toiles textiles de l’artisanat traditionnel à la toile informatique d’Internet.
Des toiles textiles à la toile informatique d’Internet
Le Whole Earth Catalog est l’œuvre d’une des deux figures historiques de l’exposition, Stewart Brand. L’ouvrage, publié entre 1968 et 1972, puis de façon irrégulière jusqu’en 1998, recensait articles et produits dans une optique de promotion du Do It Yourself. De nombreux acteurs de la contre-culture américaine se sont inspirés de cet ouvrage et même les dirigeants des entreprises de la Silicon Valley. En réponse à cet attrait paradoxal de patrons d’empires privés sont invités dans l’exposition des bidouilleurs en informatique et des militants du partage gratuit de l’information qui présentent leurs initiatives open source.
La deuxième figure historique de l’exposition, Seth Siegelaub, s’est attaché à partir de la fin des années 1960 à rendre accessible, par un patient travail bibliographique, des savoirs peu visibles. Il a notamment retracé l’histoire sociale du textile, à laquelle font écho dans l’exposition les œuvres comme Sag Sock de Dagmara Stephan, Le Manteau d’Albrecht Dürer de Michel Aubry, les créations de design textile de la Haute école des arts du Rhin de Mulhouse, des velours du Kasaï ou encore des broderies des nations autochtones canadiennes Cree et Anishinaabe.