— Éditeur : Presses universitaires de Rennes, Rennes
— Collection : Métiers de l’exposition
— Année : 2003
— Format : 16,50 x 23 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 118
— Langue : français
— ISBN : 2-86847-836-0
— Prix : non précisé
Avant-propos
par David Perreau (p. 11)
Le projet In media res. Information, contre-information réunit les œuvres de onze artistes internationaux, repérés et retenus à l’issue d’un examen très attentif d’un débat sur les médias qui dans le champ de l’art, est finalement resté assez inexistant en France. Tous différemment, les artistes de ce projet développent des points de vue originaux, critiques et discordants sur ce que la télévision, la presse, la radio et l’Internet véhiculent aujourd’hui. Les sujets qu’ils abordent sont de natures assez diverses, ils ont pourtant en commun d’être pour la plupart en prise directe sur l’actualité, locale ou internationale peu importe — une actualité (géo-politique) très largement dominée ces derniers mois par les conflits armés au Moyen-Orient.
Si dans la pratique de ces artistes, l’image occupe évidemment une place importante, les manières d’agir divergent et parfois se combinent: certains artistes mettent en œuvre des stratégies d’infiltration; d’autres misent sur des tonnes inédites de montage et de détournement ; d’autres encore mettent à jour la manière dont l’information est produite; d’autres enfin réalisent des opérations de subjectivation qui agissent comme autant d’alternatives aux discours calibrés des médias dominants. En fait, les œuvres de Farocki, Morel, Serralongue, Wagg et des autres ouvrent ces « espaces de conscientisation » qui rappellent le rôle idéologique, économique et politique toujours plus déterminant joué par les médias dans la construction de ce qui quotidiennement nous entoure, de notre imaginaire et de notre relation au monde. Plus ou moins littéralement, leurs œuvres militent pour une vigilance et un discernement plus grands à un moment où l’appareil médiatique, concentré au sein de quelques multinationales, a appris à intégrer à peu près toutes les formes de critique, à les neutraliser et à les transformer en spectacle. Les grands médias de masse nous en donnent d’ailleurs régulièrement la preuve: la frontière est souvent ténue entre information, désinformation et contre-information. On pourrait évidemment soutenir que cette confusion est entretenue par les médias eux-mêmes. À l’évidence, dans le network global caractérisé par un trop-plein d’informations, la marge de manœuvre des artistes qui interrogent les médias est très mince. La précision et l’intelligence sont ici de mise. C’est ce dont témoignent les œuvres des artistes de l’exposition In media res. information, contre-information.
Dans La Société transparente, Gianni Vattimo écrit : « si nous ne pouvons plus avoir l’illusion de démasquer les mensonges des idéologies en atteignant un fondement ultime et stable, nous pouvons cependant expliciter le caractère pluriel des « récits », lui imprimer une action de délivrance à l’égard de la rigidité des récits monologiques, des systèmes dogmatiques du mythe ». [Gianni Vattimu, La Société transparente, Paris : Desclée de Brouwer, 1990 (1989), pp.40-41].
(Texte publié avec l’aimable autorisation des Presses universitaires de Rennes)