In case we die

Sophie Zénon
In case we die

Le travail photographique de Sophie Zénon s’attache depuis quelques années à la représentation du corps après la mort en Occident. «In case we die» s’inscrit dans une réflexion à long terme sur notre rapport aux morts en Europe avec, au centre de sa démarche artistique, la notion de disparition et de réapparition des corps.

 «In case we die» prend sa source dans une tradition picturale et photographique, notamment celle de la peinture chrétienne qui excelle dans l’exacerbation la douleur. Montrer le corps mort, c’est s’interroger sur la distance qui s’est accrue entre ces oeuvres et nous. Sa démarche artistique s’articule autour de l’idée d’évanescence, de transition, de passage.

Elle invite chacun, individuellement, à méditer sur le sens de l’existence, à un moment où notre destinée collective se dessine de plus en plus sombrement.

Comment, aujourd’hui, dans un contexte de déni de la mort, figurer l’infigurable?

Bodgan Konopka, photographe et critique polonais précise: «Ce que Sophie Zénon cherche à capter dépasse le simple enregistrement documentaire d’un spectacle de gestes et de superstitions. Ses images ébranlent toute cette torpeur. Rien de tranchant, tout paraît flotter, tourner, vibrer dans une mystérieuse danse de Hadès, une danse de fantômes muets».

Après une première série couleur sur les momies de Palerme, exposée à Paris à la galerie ALB en septembre 2009 puis à la Fondation Pierre Bergé/Yves Saint-Laurent durant l’été 2010, Sophie Zénon a achevé un deuxième volet sur Naples puis un troisième sur les «derniers portraits» réalisés dans plusieurs funérariums.

Sur 400 mètres carrés seront présentées près de soixante-dix oeuvres dont la moitié grands formats.

Sophie Zénon mène depuis les années 2000 une oeuvre personnelle, régulièrement exposée et éditée, tout en répondant à des commandes pour des institutions publiques ou privées. Elle alterne travail d’ordre documentaire et démarche plasticienne avec une même fascination pour ce qui touche au rituel, au sacré, au mystère. Son univers est empreint de magie, comme si le chamanisme—objet de ses études universitaires—avait le pouvoir de ressurgir dans ses images. Ses photographies ont été exposées dans plusieurs galeries et musées, accueillies dans de nombreux festivals en France, en Chine, à Taiwan, au Portugal, en Russie, au Bangladesh, au Cambodge et acquises par des collectionneurs privés et des institutions publiques dont la MEP (Maison Européenne de la Photographie).