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In a mysterious way

A partir d’un poème de William Cowper (1831-1800) évoquant les miracles de Dieu, qui «imprime ses pas dans la mer», et «marche dans la tempête», quatre artistes invités par la galerie proposent quatre interprétations de ce miracle qu’est l’avènement de l’œuvre d’art.

Pierre Buraglio présente, à partir d’une figure cézanienne typique de baigneur assis, de considérer l’œuvre comme une reproduction infinie du répertoire iconographique classique de l’histoire de l’art : par la copie, le collage et la surimpression de matériaux, l’œuvre se constitue par strates, à la fois matérielles et mentales.
Procédant de la même démarche de collages, mais finalisant un objet bien réel, une chasuble bicolore (Esper Lucat. Warden’s Band, 1997), ainsi que des montages de papier journal en forme de croix, datés de 1982, font écho aux mots de William Cowper décrivant la beauté du geste divin.

Pour Sylvie Guiot, le geste de création est aussi celui du ressouvenir, de l’archivage d’une mémoire créatrice. Entamés depuis 2003, ses Livres muets, dont la hauteur varie de huit centimètres à un mètre trente, sont des toiles et autres matériaux de couleur verte utilisés par l’artiste, découpés en petits morceaux, à taille égale, puis empilés et liés par un nœud complexe.
Pour Sylvie Guiot, en tant que peintre, il semble s’agir là de garder, malgré l’abandon de l’œuvre, une trace de celle-ci, définissant, notamment pour la pièce monumentale A3 (2003-2007) la stratigraphie de son travail sur plusieurs années.

Edward Hillel s’est quant à lui plutôt intéressé, dans les vers de William Cowper, au geste dans sa série photographique de Mains (1994), de celles qui décrivent des histoires.
La série plus récente de Cous (2001) force le spectateur à porter son regard sur cette partie anatomique rarement mise en exergue dans l’image photographique. Dès lors, par la sérialité des vues, la forme du cou prend son autonomie, et semble vivre par elle-même, en dehors de sa fonction structurelle.

Enfin, pour Anne Deguelle, la question de la mémoire, et de sa lente sédimentation dans le processus de création de l’œuvre est essentielle. A l’occasion d’une résidence à Fécamp, l’artiste observe les mains des ouvrières emballant les bouteilles de bénédictine avec une grande science du geste, transmise depuis des générations et aujourd’hui à l’abandon. Elle les filme, leur fait raconter leur expérience, et trace ainsi un lien entre geste artistique et histoire sociale.
La série de photographies Les Mariées de Fécamp (2003), à première vue peu lisible, rend hommage à ces femmes, tout en impliquant une référence à Marcel Duchamp, vacancier à Fécamp dans sa prime jeunesse, futur auteur d’une autre Mariée, dont le processus de création reste aujourd’hui encore mystérieux.        

Edward Hillel
Les Mains n°3, 1994. Tirage argentique. 40,8 x 61,2 cm
Les Cous I-IX, 2001. Tirage argentique. 28 x 35 cm

 Anne Deguelle
Mariée de Fécamp, 2003. Tirage numérique sur papier. 45 x 32 cm

Sylvie Guiot
A3, 2003-2007. Tissu de coton et lin, ouate synthétique, pigments et acrylique. 130 x 60 x 50 cm

 Pierre Buraglio
Montage, 1982. Papier journal, sanguine et craie noire. 65 x 50 cm      

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