Présentation
Alphonse Cugier, Patrick Louguet
Impureté(s) cinématographiques(s). Les Cahiers du CIRCAV n° 18
L’impureté est devenue, au fil de diverses recherches universitaires, une véritable catégorie esthétique, en particulier dans le champ filmologique. Prenant en compte la revendication «avant-gardiste» des cinéastes des années 1920, celle d’un art total capable de tendre vers des formes purement cinématographiques, André Bazin, dans les années 1950, forge la notion d’impureté en se demandant si le septième art a eu véritablement, un jour, la capacité d’œuvrer exclusivement sur son propre terrain. Le pouvait-il seulement dès lors qu’il croise d’autres disciplines artistiques ?
Dans les années 1990, ce sont Alain Badiou et Denis Lévy qui hissent véritablement la notion d’impureté à la dignité du concept. Denis Lévy distingue entre «impureté globale» et impureté locale, selon qu’un film en est affecté de diverses manières, et aussi en tout ou partie. Les films sont souvent régis par des sutures à la peinture, à la photographie, au théâtre, à l’opéra… Tous ces couples et autres figures envisageables peuvent, selon les cas, s’articuler en engrenages ou en organes plus ou moins déliés, plus ou moins subtils.
Les auteurs de ce numéro mettent en évidence ces articulations en s’adressant au système des genres, ou en visitant une seule ou plusieurs œuvres d’un même réalisateur. Ainsi s’inscrivent-ils dans ce mouvement qui, de revues en colloques et de colloques en publication d’actes, mais aussi d’un film à l’autre, dresse un état des lieux des impuretés cinématographiques.