ÉCHOS
18 Sep 2009

Impuls Tanz 2009, 29 ans et toujours aussi jeune !

PSmaranda Olcèse-Trifan
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Comme chaque année, de juillet à octobre, le festival viennois consacré à la danse accueille chorégraphes et amateurs autour d’une programmation qui se veut éclectique, jubilatoire et toujours prospective, à l’image de ses Young Choreographers Series. Un Bilan de la cuvée 2009.

Dédié exclusivement à la danse contemporaine, Impuls Tanz est le plus grand festival d’Europe. Les noms incontournables de la scène actuelle, de Yan Fabre à Mathilde Monnier, d’Anne Teressa de Keersmaeker à Maguy Marin, en passant par Jérôme Bel, y sont présents. Des compagnies que nous avons régulièrement la joie de voir à Paris. Mais la fierté du festival est de les faire se côtoyer dans la programmation officielle avec des artistes et performeurs américains, japonais ou est-européens au propos décapant et à la démarche singulière.

A la frontière des Performing Arts, Ann Liv Young prend à partie le public avec une rage exacerbée, mettant en exergue les failles qui minent la réalité américaine depuis Georges Washington. La violence quotidienne des sociétés contemporaines est prise littéralement en ligne de mire par la compagnie Random Scream & Davis Freeman dans une pièce pendant laquelle le public est muni d’armes à feu. Le one-woman show trans-genre d’Antonija Livingstone se partage la soirée avec une pièce (néoclassique, académique) de Jirí Kylián, Michael Schumacher & Sabine Kupferberg. Impuls Tanz ne connaît pas l’esprit de chapelle.

Mais par dessus tout le festival reste fidèle à sa vocation originaire : en 1984 le chorégraphe Ismael Ivo et Karl Regenburger posaient les bases d’une manifestation internationale comportant exclusivement des ateliers. Les premiers spectacles ne devaient arriver que 4 ans plus tard : Wim Vandekeybus, Marie Chouinard et Mark Tompkins, qui sont encore à l’affiche en 2009 avec de nouvelles créations.
Pendant cette 26è édition, dans les immenses espaces vitrés de l’Arsenal, environ 3000 personnes ont participé aux quelques 200 ateliers proposés, adaptés en fonction du niveau des participants, des initiations jusqu’aux Master Classes et Coaching Projects réservés aux professionnels. Il y a d’un côté cette volonté obstinée de familiariser et d’attirer des publics plus larges à la danse contemporaine. Cet effort porte pleinement ses fruits, les salles étant pleines pour la quasi totalité des spectacles. Il y a d’un autre côté une forte dimension de recherche, d’expérimentation, de rencontres, soutenue par la plateforme danseWeb et pérennisée dans le programme Jardins d’Europe, adressé aux jeunes danseurs et chorégraphes qui ont ainsi l’occasion de travailler avec des artistes confirmés.

Dans cette sphère s’inscrivent de projets collectifs comme Choreographers Venture, lancé par Boris Charmatz, qui proposait cette année 10 jours de travail intensif sur sa nouvelle création, 50 ans de danse, forme fidèle à l’esprit du hasard cunninghaniam, se prêtant à merveille au jeu des déclinaisons multiples. Après des représentations ayant comme protagonistes des amateurs ou des enfants au Musée de la danse à Rennes, et avant la représentation au Théâtre de la Ville, la pièce déborde d’une énergie salutaire qui comble toute faille, autant que l’enthousiasme de sa douzaine de jeunes danseurs.

Cette dynamique se cristallise de manière explicite dans « 8 Tension Young Choreographers Series ». Pieter Ampe et Guilherme Garrido se sont rencontrés lors une bourse de recherche du programme danseWEB. Leur pièce, Still Difficult Duet, tourne autour des difficultés d’un duo, à la recherche de l’harmonie et du rythme synchrone qui dégénère en grotesque, avec des moments banals ou poétiques. Chez les artistes accueillis dans cette programmation, la danse est tout sauf une évidence. Elle se recherche à la lisière des genres consacrés. Elle flirte avec d’autres arts, notamment la sculpture, dans la pièce de Preethi Athreya, Porcelain. Elle se perd dans un espace complètement éclaté entre le plateau et deux écrans qui reprennent des séquences de films cultes, autant de jeux de miroirs et incessants allers-retours entre différents niveaux de référentialité, dans Nothing Can Surprise Us, de la compagnie Andrea Bozic, pour se recentrer, dans cette même pièce, sur l’« incorporation », sur l’acte fondamental de donner chair, sur la présence. Elle joue avec le trouble et l’illusion, reprenant les codes du genre dans Auto, la pièce de David Wampach, ou encore, enfouie dans un amas de corps, faux bras et fausses jambes, pantins, chez Colette Sadler, dans The Making of Doubt, pour mieux trouver les appuis du mouvement. Elle ouvre des nouvelles perspectives.

Le festival a eu lieu du 16 juillet au 16 Août 2009. Session spéciale du 1er au 3 otobre 2009 avec la compagnie Trisha Brown.

 

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