William Forsythe
Impressing de Czar
Première «rencontre» entre le directeur de la Forsythe Company et le Ballet Royal de Flandre, Impressing the Czar, originellement créé en 1988 par le Ballet de Francfort connaît une seconde vie grâce à Kathryn Bennetts, autrefois complice du chorégraphe qui le remonta en 2005 à Anvers. Dans ce précis de gestuelle, toutes sortes de danses sont passées en revue, des pas les plus académiques à des styles presque grotesques avec force costumes exotiques, historiques aussi et autres uniformes. On verra ainsi des hordes d’écolières — en fait les danseurs du Ballet Royal de Flandre — et même une fausse vente aux enchères. Sans narration mais débordant de sens, Impressing the Czar déjoue les conventions et autres bonnes manières chorégraphiques. Mais il ne s’agit pas d’une reprise de plus qui a triomphé à New York, Londres ou Shanghai sans oublier Chaillot en 2009: William Forsythe a suivi avec attention cette version. «J’ai vu tellement de compagnies danser formidablement une pièce de William les premiers temps et quelques semaines plus tard, je revenais et cela ne ressemblait plus à rien; Forsythe ne dit jamais: c’est bon, la pièce est parfaite comme cela. Il revient toujours dessus, travaille à l’individuel. On oublie parfois que son talent ce n’est pas seulement d’inventer des pas mais également de former des danseurs» résumait alors Kathryn Bennetts. Porté par des solistes et un corps de ballet doués, cet Impressing the Czar traverse les années avec une élégance rare. On ne saurait se priver du plaisir de le (re)voir.
Philippe Noisette