Clara Citron, Matthew Couper, Leila Danziger, Alan Davie, Horst Haack, Jean-Paul Marcheschi, Gilles Privé, Lidia Syroka
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Topographie de l’art continue la réflexion plastique née de la rencontre entre l’écrit et l’image avec cette quatrième exposition. Gravures, peintures, feuilles de journaux effacées, figures sacrées et calligraphie dialectisent la circulation entre les médiums et les médias et la construction de notre relation symbolique aux images textes, sous la direction du commissaire d’exposition Horst Haack.
L’art d’hier, l’art de demain et quelques notes sur les deux (Extrait)
Les garagistes du bon vieux temps accrochaient au mur de leur atelier des calendriers Pirelli.
Filles rapides et autos sexy… ils savaient ce qu’est la beauté, eux.
Boy meets girl, ainsi commence l’histoire. Quand l’écriture et l’image se rencontrent, elles s’inspirent l’une de l’autre, se renforcent mutuellement, des mondes insoupçonnés se déploient. La fiction devient plus riche en nuances, plus colorée, elle gagne en contrastes. La non-fiction devient plus intelligible, plus claire, sans équivoque. Les images gagnent en force expressive, élargissent l’horizon, étoffent le propos.
Tout ce qui est écrit fait image pour nous. Nous parlons d’une image graphique, confuse ou harmonieuse, chaotique ou policée. De même, face à un texte imprimé ou gravé dans la pierre, nous parlons d’image graphique; quant à la pictographie, c’est autre chose, les mots peuvent être brodés ou tapés à la machine, calligraphiés ou couchés sur le papier.
Dans le mot lithographie, nous lisons deux mots : lithos (pierre) et graphie (écriture, dessin) — ce dernier terme désignant deux activités différentes que le vocabulaire ne sépare pas encore. Une synergie, l’action conjointe de substances et de facteurs qui mutuellement se renforcent, s’intensifient, ou qui même permettent de produire un certain résultat.
Si l’art n’était rien d’autre qu’une méthode expérimentale sur la table d’un laboratoire invisible visant à démontrer la beauté à travers un processus persévérant ou dans un instant de génie, nous aurions déjà fait un pas sur les traces de son mystère. Élèves ou maîtres, épigones ou avantgardistes, défenseurs de la réduction ou de l’accumulation, tous veulent attirer l’attention, plaire et convaincre, comme n’a jamais cessé de le faire tout naturellement la beauté. Réellement, ceux qui ont bien plus à dire, à écrire, à présager que tous les autres sont les artistes non-conformistes, les art-brutistes. Outsiders, selftaughts, autodidactes curieusement souffrent de leur statut, ou plutôt de leur non-statut. Ils ne veulent pas rester en dehors, ils veulent être des insiders.
Horst Haack