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Images secondes

04 Fév - 05 Avr 2015
Vernissage le 04 Fév 2015

L’exposition témoigne d’un parcours de 25 ans en territoire d’images. Depuis les années 1990, le travail d’Eric Rondepierre consiste à choisir et extraire des photogrammes de films pour ensuite les proposer sous la forme de tirages photographiques de grand format. A chaque nouvelle série correspond une règle du jeu qui se constitue au fil de ses recherches.

Eric Rondepierre
Images secondes

Aujourd’hui, nous pouvons dire que le cinéma, tel qu’il a pu se constituer à l’origine — une projection dans une salle obscure avec, dans le dos du spectateur, une pellicule qui se déroule —, a disparu. Depuis plusieurs décennies, l’industrie du cinéma a diversifié ses modes de production, diffusion et consommation. Depuis lors, les films se sont dilués dans une multitude de simulacres, de prothèses, de produits dérivés virtuels ou réels.

L’œuvre d’Eric Rondepierre, dont les prémisses coïncident avec cette mutation, n’est ni un hommage au cinéma, ni une tentative de restauration ou une nostalgie de son «aura». En tant qu’artiste, il a pris simplement appui sur cette situation historique pour parcourir les marges d’un monde dont les fragments sont maintenant à portée de la main. Il s’y réfère comme à une «nature», un corpus dans lequel il pioche allègrement en explorant ses angles morts.

C’est ainsi qu’à la charnière des années 1980 et 1990, l’artiste commence à faire ce qu’il appelle de la «reprise de vue»: il prélève des images dans les longs métrages de fiction. D’abord chez lui, en choisissant d’isoler certaines images à l’aide du magnétoscope (Excédents): «La “toile blanche” sur laquelle Eric Rondepierre a commencé à élaborer son œuvre d’artiste plasticien, après avoir abandonné le théâtre et délaissé la peinture, était un écran noir».

Plus tard sur les rubans pelliculaires, à la table de montage, dans les cinémathèques et les archives privées (Annonces, Précis de décomposition, Suites…), enfin récemment avec le numérique sur ordinateur (Loupe/Dormeurs, DSL, Background).

A chaque nouvelle série correspond une règle du jeu qui se constitue au fil de ses recherches. En spectateur archiviste ou archéologue, il repère «ce que les yeux n’ont jamais vu», c’est-à-dire ces images de film en relation avec des événements «parasitaires, périphériques, atomes indiscernables en gravitation interne, décalages subtils, accidents évanescents, micros phénomènes qui n’ont plus le moindre rapport avec le cinéma».

Pendant 15 ans, il documente la fiction (prélèvement sans retouche), puis, dans les années 2000, il commence à fictionnaliser le document en faisant dialoguer des images de films avec des photos qu’il prend dans son quotidien (Loupe/Dormeurs, Parties communes, Seuils…). Mais toujours avec une attention hypertrophiée, il guette les aberrations du dispositif filmique, authentifie les décalages, les métamorphoses de ces images orphelines, provoque des rencontres, des hybridations, élabore des hypothèses.

L’exposition témoigne d’un parcours de 25 ans en territoire d’images.

Eric Rondepierre est né en 1950, à Orléans, il vit et travaille à Paris. Au début des années 1990, Eric Rondepierre commence à explorer les «angles morts» du dispositif cinématographique. Son intervention consiste à choisir selon des critères bien définis, puis à extraire des photogrammes pour ensuite les proposer sous la forme de tirages photographiques de grand format.

Depuis 2002, son œuvre s’est diversifiée. L’artiste utilise ses propres images qu’il recompose avec ses textes, ou ses dessins ou encore avec des images de cinéma qu’il s’approprie. Par ailleurs, ses ouvrages récents explorent d’autres territoires (fictionnels ou autobiographiques).

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