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Images malgré tout

Un essai autour de 4 clichés clandestins pris dans le camp d’Auschwitz dont l’analyse fit polémique. Images survivantes de l’inimaginable, images malgré tout, images-mémoires d’une histoire sans images qui forcent à s’imaginer. Et au-delà, comprendre ce que signifient ces images, ce qui en découlent, de la preuve à l’archive, du montage à la falsification.

— Éditeur : Les Éditions de Minuit, Paris
— Collection : Paradoxe
— Année : 2003
— Format : 13,50 x 22 cm
— Illustrations : quelques, en noir et blanc
— Pages : 235
— Langue : français
— ISBN : 2-7073-1858-2
— Prix : 22,50 €

Présentation

Voir une image, cela peut-il nous aider à mieux savoir notre histoire ?

En août 1944, les membres du Sonderkommando d’Auschwitz-Birkenau réussirent à photographier clandestinement le processus d’extermination au cœur duquel ils se trouvaient prisonniers. Quatre photographies nous restent de ce moment. On tente ici d’en retracer les péripéties, d’en produire une phénoménologie, d’en saisir la nécessité hier comme aujourd’hui. Cette analyse suppose un questionnement des conditions dans lesquelles une source visuelle peut être utilisée par la discipline historique. Elle débouche, également, sur une critique philosophique de l’inimaginable dont cette histoire, la Shoah, se trouve souvent qualifiée. On tente donc de mesurer la part d’imaginable que l’expérience des camps suscite malgré tout, afin de mieux comprendre la valeur, aussi nécessaire que lacunaire, des images dans l’histoire. Il s’agit de comprendre ce que malgré tout veut dire en un tel contexte.

Cette position ayant fait l’objet d’une polémique, on répond, dans une seconde partie, aux objections afin de prolonger et d’approfondir l’argument lui-même. On précise le double régime de l’image selon la valeur d’usage où on a choisi de la placer. On réfute que l’image soit toute. On observe comment elle peut toucher au réel malgré tout, et déchirer ainsi les écrans du fétichisme. On pose la question des images d’archives et de leur « lisibilité ». On analyse la valeur de connaissance que prend le montage, notamment dans Shoah de Claude Lanzmann et Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard. On distingue la ressemblance du semblant (comme fausseté) et de l’assimilation (comme identité). On interroge la notion de « rédemption par l’image » chez Walter Benjamin et Siegfried Kracauer. On redécouvre avec Hannah Arendt la place de l’imagination dans la question éthique. Et l’on réinterprète notre malaise dans la culture sous l’angle de l’image à l’époque de l’imagination déchirée.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de Minuit)

L’auteur
Georges Didi-Huberman est né en 1953 à Saint-Etienne. Historien de l’art et philosophe, il enseigne à l’École des hautes études en sciences sociales.

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