Julien Ferrato et Gaëtan Trovato, Steven Daniel, Eve Woda
Avec la participation de Tristan Fraipont et Emilie Gervais
Image & Temps Réel. Obs/IN
Cette édition de l’Obs/IN sera l’occasion de présenter le travail des lauréats de la bourse de recherche et de création offerte par l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence, l’École supérieure d’art d’Avignon et l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles à de jeunes artistes.
Le temps réel, peut-il être confiné dans une définition moderniste, technique, de traitement de data via des flux numériques en direct? Ou doit-il être relié plus subtilement à la notion d’index (issue de la classification des signes de Pierce, où l’index concerne les signes de contact, de connexion dynamique, en opposition aux signes de ressemblances, analogiques, et aux signes symboliques (parole et écrit), de direct, traversant ainsi de bout en bout l’histoire de l’art?
Philippe Dubois avait posé dans un article célèbre, que la vidéo était ainsi à l’origine de la peinture. Pourrons-nous dire aussi que le temps réel est à l’origine de Lascaux?
Entre espace de tournage et installation, 4D est une tentative de restitution d’objet cinématographique. L’installation de Julien Ferrato et Gaëtan Trovato se présente sous la forme d’une maquette en carton représentant un paysage urbain dont les personnages prennent possession. Encerclant ce «morceau de ville», se trouvent les rails d’un petit train électrique équipé d’une caméra embarquée permettant de réaliser un travelling. L’outil cinéma s’en retrouve infantilisé et il paraît accessible. Tout comme l’utilisation du carton dans la construction des immeubles, ces cartons qui à l’origine constituent les boîtes où nous entassons nos vieux souvenirs, dans un grenier ou une cave…
Le spectateur a le choix de construire son propre récit par le simple sens de sa déambulation autour de l’installation, il constitue sa propre approche du scénario en tentant de coller entre eux les différents morceaux d’histoires qu’il peut voir et parfois suggérer.
L’installation convoque les souvenirs de l’imaginaire liés à l’enfance, de ses histoires, sans sens ou logique, inventées par les enfants lorsqu’ils jouent avec des idoles modernes faites de bois ou de plastiques… Le «film» suit la plongée de corps «humain» dans un espace qui tente de reproduire une réalité fictive.
La thématique de «temps réel» a amené Eve Woda à interroger le médium ainsi que le dispositif de monstration de ses vidéos performances. Cette notion oriente son travail vers l’idée de «direct», d’interaction, de flux de données partagées sur le réseau. Aussi la webcam et internet apparaissent comme le moyen le plus approprié pour diffuser ses performances en «temps réel».
D’autre part, Eve Woda cherche également la manière de concentrer cette idée de «temps», au travers de sa gestuelle performative. Plus globalement, le «temps réel» représente le présent, ce quelque chose qui nous échappe, qui ne laisse pas de trace. Elle choisit ainsi d’explorer une gestuelle du «flux», du cheminement intérieur, donnant à partager l’expérience d’une pensée en train de se mouvoir.
Steven Daniel propose quant à lui une réflexion sur un objet d’étude peu questionné: les webcams. Avec son projet, il souhaite faire entrer l’espace de la rue dans le «White Cube» tout en donnant une accessibilité à l’espace de la galerie aux passants et proposer une interactivité dans un même temps qui est celui du direct.
Outre le rapport au spectateur, il y est aussi question de l’observation de l’espace public de manière plus générale. Dans ses travaux récents (les passants), la ville et les passants avaient un aspect cinématographique, ce qui donnait à voir une ville où les passants sont figurants et acteurs d’une scène du quotidien.
Vernissage
Jeudi 20 novembre 2014 Ã 18h