En vitrine de la galerie installée dans un bâtiment moderne — où les murs porteurs ont depuis longtemps laissé place aux structures autoporteuses —, une œuvre a été conçue selon les principes de l’architecture médiévale. Il s’agit d’une roue faite de morceaux de bois intercalés entre des parpaings en béton, le tout maintenu par une ceinture en nylon.
Alors que ce type de matériau — le parpaing — permet d’échapper à la construction à sec des cathédrales gothiques, fondées sur un système de poussées et de contre-poussées, Vincent Ganivet choisit avec Roue d’en reproduire le principe.
Le résultat est volontairement loin du modèle. Car, si la difficulté disparaît dans le monument du Moyen Âge, où seule transparaît la prouesse technique, la roue de Ganivet est manifestement laborieuse, comme sur le point de s’écrouler. Peut-être, est-ce la mise à l’épreuve de l’idée selon laquelle chaque matériau implique et exclut un certain nombre de formes.
Sur la base de toutes autres références, Angela Bulloch expose Riley Optimism, Hybrid Song Box.4.
Dans une salle obscure, quatre cubes percés de ronds diffusent de la lumière. Des néons bleus, verts et rouges, placés en leur centre, se combinent pour offrir au regard un panel de couleurs. L’atmosphère est douce dans cette pièce où l’on entend également un morceau de musique rock, au ton planant.
Ouvertement référencée à Bridget Riley — artiste majeure de l’Op Art durant les années 70 —, cette pièce étend les expériences de cette dernière au domaine de la lumière.
Quand Bridget Riley explore les effets optiques de la peinture sur la rétine, Angela Bulloch cherche pour sa part à sensibiliser l’ensemble du corps. Et, si la musique rock contribue à toucher le spectateur, elle permet par la même occasion de resituer l’Op Art dans son contexte: celui du Flower Power.
Plus loin, quatre tableaux d’Angela Bulloch — Riley Optimism. RGB DIsks (set of 4/1) — filent le lien avec l’Op Art. Chacun d’eux décline différents assemblages possibles entre des ronds verts, bleus et rouges. D’un point de vue optique, aucun effet n’est produit, chaque couleur restant séparée des autres. Sans doute, la généalogie de Riley est plus difficile à intégrer que prévu.
Enfin, avec I’m Not You, Josh Smith inscrit son travail dans la lignée de multiples courants. Ses toiles — comme celles des dadaïstes ou de Rauschenberg —, rassemblent divers matériaux : des morceaux de journaux, des lettres peintes, des reproductions de photographies, le tout mâchuré de pans de couleur bleue, violette, noire et jaune.
A l’image des lettristes, ou plus près de nous de Jacques Villeglé, les mots et les lettres perdent leur sens dans ce magma de matière, pour ne garder que leur signifiant et entrer en résonance avec d’autres éléments.
En évacuant les mots de ses peintures, Josh Smith explicite l’ambition de toute œuvre : ne pas être réductible à un terme. Ambition partagée par tout individu, à laquelle fait affront l’Autre, lui qui cherche toujours à nous dénommer.
Angela Bulloch, Riley Optimism. Hybrid Song Box.4, 2008. Dimensions variables.
Angela Bulloch, Riley Optimism. RGB Disks (set of 4/1), 2004. Impression sur papier. 4 x ( 60 x 60,5 x 4cm ).
Vincent Ganivet, Roue, 2005. Parpaings, cales en bois, sangle. Diamètre 250 cm.
Josh Smith, I’m Not You. Untitled, 2008. Matériaux divers sur panneau de bois. 122 x 92 cm.