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Ils se déplacent à la vitesse d’un mètre par seconde!

08 Fév - 19 Avr 2014
Vernissage le 07 Fév 2014

L’étrangeté et les mondes inconnus sont les principaux sujets des installations et des sculptures de Virginie Yassef. Influencée par des disciplines comme l’astronomie, la géologie et l’architecture, l’artiste extrait du discours scientifique, des idées ou images saugrenues, qu’elle extrapole ensuite dans ses œuvres.

Virginie Yassef
Ils se déplacent à la vitesse d’un mètre par seconde!

Virginie Yassef déploie ses installations et œuvres sculpturales récentes à l’Espace Croisé à Roubaix. Elle qualifie volontiers «d’éparpillés», l’ensemble de ses créations, un terme scientifique que les astronomes utilisent pour qualifier une nouvelle classe d’objets. Le fait d’exposer dans un même espace et pendant un temps donné est l’occasion idéale pour tester cette dualité entre réunion et dispersion avec des œuvres qui s’attirent tout en ménageant leur distance et leur autonomie.

Cette référence scientifique n’est pas anodine pour Virginie Yassef qui s’inspire de disciplines complexes telles que l’astronomie, la géologie ou l’architecture. Toutefois, son intérêt se porte davantage sur les discours fabriqués par la recherche, dont elle extrapole une idée saugrenue ou une image singulière. L’étrangeté et les mondes inconnus constituent donc les véritables sujets de ses installations et objets sculpturaux. Ils sont agencés selon deux modes: prélèvements et montage ou mise en scène et fabrication.

C’est l’installation Le château de l’araignée, réalisée en 2013, qui ouvre l’exposition. Elle est constituée d’un amas de poutres enchevêtrées qui invite le spectateur à y pénétrer, telle la première épreuve d’un parcours initiatique. D’emblée, cette traversée le place en état d’alerte tandis qu’une épaisse fumée trouble l’orientation, l’obligeant à ralentir et à se frayer un chemin. Des sons mats et imprévisibles suggèrent la présence de samouraïs au combat, si l’on se réfère au titre de l’œuvre emprunté au film du réalisateur japonais Akira Kurosawa.

Parmi ses œuvres les plus récentes, certaines dispensent de la lumière et guident le spectateur dans son cheminement. Le rapport d’éclairage est alors inversé, l’œuvre génère sa propre source lumineuse en s’affranchissant de l’éclairage extérieur. C’est notamment le cas dans les versions Hutte et Bouclier appartenant à l’ensemble On n’a jamais vu de chien faire, de propos délibéré, l’échange d’un os avec un autre chien et du détecteur d’oubli, qui rappelle périodiquement sa présence en s’activant subitement.

L’installation Untitled Dialogue (2011-2013) renoue avec le sentiment de vigilance expérimenté par le spectateur dès son entrée dans l’exposition. Dans cette double projection alternée, un acteur est mis en présence d’un singe et soumis imperturbable à ses réactions imprévisibles. Après la découverte d’un scénario non réalisé de l’artiste belge Marcel Broodthaers, qui prévoyait la rencontre d’un homme actif et d’un singe impassible, Julien Bismuth et Virginie Yassef, ont eu l’idée d’inverser les rôles et de situer cette rencontre dans une chambre d’hôtel. L’expérience filmée par trois caméras est restituée dans cette installation qui présente la version de chacun des artistes. Les points de vues qui se croisent amplifient le suspense de cette scène intérieure tout aussi sereine qu’inquiétante.

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