Présentation
Thomas Clerc, Kourtney Roy
Ils pensent déjà que je suis folle
Impossible de résister au charme de la photographe canadienne Kourtney Roy. Avec sa chevelure rebelle, son regard perçant et son rire contagieux, elle est l’exemple de l’artiste décomplexée et sincère qui ne se prend pas au sérieux. Star montante de la photographie de mode et commerciale, elle a été lauréate de la Carte Blanche PMU en 2013.
A la frontière de l’art et de la mode, le travail de la photographe Kourtney Roy montre les influences croisées entre ces deux mondes. Elle mêle dans son travail fiction et auto-fiction, et explore les aspects sublimes et étranges de la vie du quotidien, dans des mises en scènes teintées de mystère.
Sa proposition pour Carte Blanche PMU #3 consiste en une série de mises en scène et d’autoportraits où l’artiste explore les frontières entre le réel, l’étrange et le fantastique. Pour mener à bien son projet, la photographe a passé beaucoup de temps sur les hippodromes, dans les points de vente, et a lu des livres spécialisés.
«J’ai voulu m’imprégner de ce monde très particulier que je trouve assez magique. Il est vrai que les femmes sont moins attirées par cet univers, mais ça ne m’a pas gênée. Les gens qui sont là sont extrêmement passionnés par ce qu’ils font, et je trouve ça très intéressant.»
Avec les textes de Thomas Clerc et Diane Dufour.
«Pour cette immersion dans l’univers du PMU, Kourtney Roy s’est imprégnée des mots de Charles Bukowski et de son obsession des champs de courses. Se détournant du spectacle où se concentre toute l’attention, elle infiltre plutôt les coulisses. Leur décor sans qualité est plus propice à l’improbable. Son corps s’incruste ainsi dans un univers où chaque chose peut être une autre chose et n’importe qui quelqu’un d’autre. Où les objets, plantes vertes, accoudoirs, jumelles…ont pris le pouvoir. Ils dominent la scène, tour à tour menaçants, envahissants, trop brillants ou trop muets.
Dans ses photographies, Kourtney Roy semble présente au monde mais absente à elle-même. Le pourquoi de ces postures incongrues, de ces regards vides est ailleurs, hors champ, nous laissant aux prises avec une violence silencieuse et cachée. Car ce corps-objet semble le plus souvent éteint, débranché, englouti, avalé. Impeccablement sculpté, il tend pourtant vers le camouflage, la soustraction, le retranchement, orchestrant scrupuleusement sa propre disparition.»
Diane Dufour