Communiqué de presse
Laurent Sfar
Il y avait un oubli, un blanc, un trou…
Les créations de Laurent Sfar ont toutes cette particularité, pour insolites qu’elles soient, de ne jamais méduser leurs spectateurs. Autre particularité, leur absence totale d’expressionnisme, le fait de ne rien avouer d’intime. On s’interroge, du coup: qui est Sfar? Que cherche-t-il? Où se situe-t-il exactement? 
Reconnaissons-le: ce genre de questions, tant l’artiste ici s’efface ou se masque, principal absent (mais alors paradoxal) de son œuvre, pourrait ne pas retenir notre attention. Il n’en est rien, cependant.
Chaque réalisation de Laurent Sfar, en effet, se présente comme un dispositif d’intrigue. Si l’œil et l’esprit sont accrochés, dans ce cas c’est justement au nom de cette option, à l’évidence chère à l’artiste: mettre plus de matière dans une formalisation décalée du réel que dans la mise en forme narcissique de soi-même.
Moins l’on en sait sur Laurent Sfar, au fond, plus l’on a de chances d’en apprendre sur ce qu’est le monde selon cet artiste, une matrice à expériences poétiques sans équivalent connu.
« Mon travail est traversé par des thématiques liées aussi bien à la naissance d’un territoire mental qu’au parcours physique de l’espace. Le contexte urbain fait partie de mon quotidien. Il me constitue, et me traverse. Ma réflexion porte, entre autres, sur les différents flux temporels et relationnels qui s’y confrontent.
J’ai travaillé, pendant plusieurs années, avec l’artiste Sandra Foltz, utilisant l’échange comme mode de processus créatif. À partir de 2002, nous avons souhaité toutefois expérimenter de nouvelles modalités pour nos recherches. Nous développons, depuis, une pratique individuelle avec toutefois des collaborations ponctuelles.
Mes œuvres, ainsi que celles qui sont réalisées avec Sandra Foltz, sont directement intégrées au tissu urbain comme à Sélestat ou Oviedo en Espagne, ou en rapport avec celui-ci, à travers des installations telles qu’Haïfa cedex, Marche ou Cadeaux.
C’est en déplaçant notre travail hors de l’espace d’exposition que j’ai, avec Sandra Foltz, commencé à réaliser des actions filmées dans l’espace urbain. Ces interventions incitent l’individu à se positionner en relation avec le contexte dans lequel il se trouve.
D’une manière générale, ma démarche envisage les lieux et leurs contraintes comme des éléments constitutifs de l’œuvre. Celle-ci s’intègre à un contexte donné pour y introduire un élément de perturbation, un corps étranger qui intervient comme un révélateur ou un outil d’exploration de la réalité.
Ces dispositifs ouverts, qu’ils soient urbains ou bien qu’ils se transposent dans des objets comme dans la série des Bousillé, mettent alors en évidence un échange tronqué, dont les modalités restent à expérimenter. » (Laurent Sfar)