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Il n’y a rien au-delà

Des ombres, traces de lumière. Là, réside la magie du négatif photographique qui transpose l’intensité lumineuse en une tache noire sur la pellicule. Et c’est en fixant cette empreinte sur l’espace immaculé de la feuille blanche que les arbres, les herbes et les feuilles des paysages de Xavier Zimmermann prennent corps. De loin, on pourrait croire à une série de dessins au charbon mais en s’approchant, le regard distingue une multitude de détails aux infimes nuances de gris que le tirage jet d’encre pigmentaire a impressionnée sur le papier dessin.

Comme dans la série des «Paysages en fuite», Xavier Zimmermann a réalisé ses prises de vue la nuit, en les éclairant à la lumière de phares de voitures ou d’une lampe électrique. Un procédé qui sculpte le paysage et donne à considérer la photographie comme un processus de dévoilement. Il s’agit de faire apparaître, de révéler un univers au regard.

Mais la série des «Shadows» traduit une nouvelle étape dans le travail de Xavier Zimmermann qui s’oriente vers une vision de plus en plus épurée et picturale de la photographie. Il évoque la nature comme une grâce, un mystère, traduisant l’apaisement qu’il ressent à son contact. Et c’est par l’épure, l’évocation furtive qui laisse deviner sans tout montrer, qu’il touche à la structure du paysage, à son architecture. Aboutissant ainsi à une vision synthétique qui n’est pas sans rappeler l’estampe japonaise.

Au-delà de ce travail sur l’épure et l’élégance de la ligne, c’est la notion d’absorption qui caractérise cette série. Après imprégnation de la lumière sur le négatif, vient sa traduction imprimée: absorption de l’encre avec plus ou moins d’intensité sur le papier épais. Ce procédé donne à ces paysages de forêts une nouvelle sensorialité, où la matérialité du grain de la feuille et sa blancheur jouent un rôle de révélateur, en opposition aux traces sombres qui sont comme autant d’empreintes d’une vie capturée.  

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