Ida Tursic et Wilfried Mille
Ida Tursic et Wilfried Mille
Par quelle déformation de l’esprit croyons-nous voir des scènes pornographiques, des paysages ou des compositions abstraites, alors que cette peinture nous invite à la voir comme une peinture, comme une solution affirmée mais provisoire, une égalité temporaire? Et pourquoi percevons-nous immédiatement que nombre de ces peintures nous survivrons, nous qui, pourtant, sommes éternels?
D’où vient qu’on puisse aimer ces peintures sans aimer ce qu’elles nous montrent? Justement, ce sont des peintures et ces filles nous disent quelque chose de la peinture. Elles nous demandent de les regarder, de regarder leur corps, leurs formes, leurs poses, et on fait tout sauf ça. On regarde la peinture dont elles sont faites.
Les images sont vulgaires mais la peinture, elle, est là dans sa grandeur, son lustre, quelque chose de grandiloquent presque, généreux, débordant. La peinture dans tous ses états. Toutes lesfactures sont là , toutes les touches possibles, tous les styles, parfois sur une même toile, toutes les manières de peindre, tous les aspects.
Tous les genres aussi: portraits, paysages, abstractions, formes géométriques, expériences optiques. Leurs toiles convoquent l’histoire de la peinture, mais discrètement, tout le passé de la peinture sous toutes ses formes, et l’amènent dans notre présent, celui d’Internet où Ida Tursic et Wilfried Mille font leur marché d’images, celui du cinéma, de la pub, des journaux de mode, des starlettes, de la célébrité triste de seconde zone.