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Ian Wallace

Les photographies de Ian Wallace empruntent à la peinture classique ses formats imposants et sa composition rigoureuse: lignes de forces, perspective et successions de plans.
Du minimalisme, elles retiennent la leçon de parcimonie dans l’utilisation des couleurs et la synthèse géométrique des formes; du photo-conceptualisme de l’École de Vancouver — dont Ian Wallace est l’un des chefs de file et théoriciens au côté de Jeff Wall, son élève — cette réflexion sur «le travail du sens et de l’image» (Jean-Pierre Criqui) en réaction à la grande photographie humaniste, d’essence démiurgique, jugée par trop prétentieuse et limitée dans sa retranscription du réel.

Associant presque systématiquement les médiums — des pans verticaux de couleurs peints viennent rompre le continuum de l’image (Untitled, At the Crosswalk) —, Ian Wallace se joue des catégories traditionnelles avec la même ironie critique que lorsqu’il défie le monochrome de se juxtaposer à la photographie documentaire et/ou à la mise en scène en studio.

L’exposition chez Yvon Lambert décline essentiellement des paysages urbains habités ou des vues détaillées d’architectures institutionnelles, artistiques ou politiques. L’angle choisi, le cadrage serré et la focalisation sur un détail, gomme la réalité figurative du sujet, noyée désormais dans l’abstraction.

Ainsi, le photographe canadien transforme le siège du parti communiste français signé Oscar Niemeyer en une mosaïque de formes simples — courbe, diagonales et couleurs primaires — et l’œuvre de Piotr Uklansky, Untitled (Dance Floor), photographiée en contre plongée sans qu’on puisse en identifier le lieu de prise de vue (Fondation Guggenheim ou Palazzo Grassi), en un échiquier rose, jaune et bleu, dans la lignée des labyrinthes multicolores de Frank Stella.

Dans le Macba de Barcelone, c’est le couloir du premier étage, zone de transition, qui est choisi comme cible par l’artiste, le cadrage ne permettant même pas d’appréhender en entier l’œuvre monumentale de Laurence Weiner qui en couvre le mur du fond.

Chez Ian Wallace, le centre et la périphérie se confondent, sans prédominance hiérarchique. La partie se substitue au tout. L’homme, le sujet par excellence, est mis sur le même pied d’égalité que son environnement, comme dans The Conundrum II, où Zim Zum (l’ancien guitariste de Marylin Manson) et son groupe sont relégués à l’arrière plan au profit d’un morceau de bâtiment devenu champ coloré. Du Rothko évacué de toute transcendance !

Enfin, sorte de condensé de sa pratique, atelier du peintre revisité, Abstracts Drawings, Castello Ripa d’Orcia réunit abstraction géométrique et tradition (avec cette ouverture sur le paysage caractéristique des peintres de l’École du nord) pour une réflexion sur l’art et la représentation à travers un procédé de mise en abîme, la fenêtre étant à la fois le sujet du dessinateur (absent sur l’image mais dont le croquis posé sur le bureau indique l’existence) et celui du photographe. Le premier se confondant d’ailleurs avec le second…

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