I wish I could speak in technicolor, dernière création de Simon Tanguy et Roger Sala Reyner, nous fait immédiatement entrer dans un univers où se croisent danse et arts plastiques. A la demande des deux interprètes, la plasticienne Fanni Futterknecht a créé sur scène un monde à part entière fait d’objets destinés à composer une installation devenant un troisième interprète, un troisième partenaire de danse.
Danse et installation
De manière originale, Fanni Futterknecht conçoit ce monde d’objets non comme un ensemble inanimé, mais vivant, qui croit et décroît. Sol, murs et plafond sont autant d’éléments vivants qui participent entièrement au spectacle grâce au jeu des lumières et des sons. Si l’installation occupe l’espace, la lumière occupe le champ de vision du spectateur, qui trouve ainsi face à lui un véritable univers organique dans lequel sont plongés les deux interprètes, Simon Tanguy et Roger Sala Reyner. Trois corps, pourrait-on dire, s’animent sur scène : le corps des danseurs et celui de l’installation.
Formes et identités
En se déplaçant dans ce monde coloré fait d’une diversité objets, les interprètes entrent en relation, prennent possession de ces derniers. Car ces objets ne sont pas uniquement destinés à être manipulés. En raison de leur grande plasticité, ils peuvent être transformés et retentir ainsi sur les corps des interprètes et influencer le cours du spectacle. En partant à la rencontre de l’installation conçue par Fanni Futterknecht, Tanguy Simon et Roger Sala Reyner sont conduits à expérimenter divers états physiques et psychiques. Les mouvements, suscités ou contraints par les objets, se modifient continûment puisque l’intention première des interprètes est elle-même affectée.
Sur scène, les deux interprètes donnent à voir une succession d’états physiques et psychiques dont ils s’emploient à souligner et exprimer le passage de l’un à l’autre. Ici, la chorégraphie ne saurait être linéaire, un simple plan dont il importerait de dérouler scrupuleusement chacune des étapes. Elle est tout au contraire, et de manière essentielle, fluctuante, transition constante d’un état à un autre. Simon Tanguy et Roger Sala Reyner se livrent donc à une expérience singulière où le danseur et l’objet se confondent, où l’identité de l’un ne se distingue plus de la forme de l’autre.