Communiqué de presse
Pesce Khete, Federico Solmi, Melissa Steckbauer et Vanessa Fanuele
I mostri
La galerie van der Stegen débute l’année avec une exposition collective qui défie la torpeur. Sur une proposition de Yann Perol, inspirée par le film de Dino Risi, cette exposition haute en couleurs réunit le travail de quatre artistes: Pesce Khete, Federico Solmi, Melissa Steckbauer et Vanessa Fanuele
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« L’artiste en lui comme tout un chacun, flaire le monstre, appréhension d’une nature profonde du moi qu’il va métamorphoser en figures… » . (Neil Bartlett, Rue de la peau, Paris, Actes sud, 2008, p.180)
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I mostri est un film de Dino Risi datant de 1963 ; composé d’une vingtaine de sketches au travers desquels le réalisateur sonde l’âme humaine pour n’en faire ressortir que le pire. Par le biais d’une galerie de portrait, Dino Risi déploie toutes les caractéristiques du sadisme et de la soumission des individus. Tous les personnages symbolisent des stéréotypes de la société italienne et de l’être humain en général avec ses mesquineries, ses mensonges…
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C’est en référence à ce film que s’articulera cette exposition, les différents artistes sont à l’origine de figures monstrueuses, parfois abjectes ou drôles mais toujours le fruit d’une imagination étonnante.
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Vanessa Fanuele nous plongera dans un monde dominé par les figures étranges, hybrides d’animaux aquatique et d’organes du corps humain. Les images créées par Vanessa semblent possibles par un jeu de transparence ou encore, comme si le point de vue était inversé ; non pas au-delà du miroir mais par delà la peau elle-même pour se trouver, depuis l’intérieur du corps, regardant le monde extérieur. Perdu dans ce monde, il ne nous est pas possible de savoir où nous sommes, mais également si nous sommes à l’échelle du cosmos ou de cellules du corps. Ainsi, les étoiles rencontrent le sang, et nous de voyager depuis le corps vers l’espace.
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Pesce Khete est un artiste qui, avec une esthétique néo expressionniste nous confronte au hasard en une sorte d’esthétique du ratage, la gestuelle vive de l’artiste transparaît dans ses compositions, en un mélange de violence et d’ironie. La cosmogonie que Pesce Khete met en place est absurde mais fonctionne à la manière d’un film de David Lynch, avec un système de code, la récurrence de certains éléments nous donnent à penser qu’une narration est en cours mais que nous n’en possédons pas la clef. L’aspect primitif des compositions n’est pas sans rappeler non plus les fresques célèbres des grottes de Lascaux. La croyance et les superstitions côtoient la folie et la violence en un mélange étonnant, d’une brutalité parfois troublante mais toujours empreinte de subtilité et d’humour.
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Federico Solmi quant à lui, est un observateur infatigable de la frénésie des grandes métropoles qu’il retranscrit dans ses vidéos, dessins et installations où le monde de l’art côtoie les icônes de la culture populaire. Les contradictions de la société contemporaine sont au coeur des travaux de Solmi, qui dresse un portrait cynique de la quête de pouvoir, de l’emprise des sociétés sur les individus et de la vie quotidienne. En brouillant toutes les références, il crée un univers chaotique où l’absurde domine.
Dans toutes ses vidéos et installations, les références cinématographiques ou télévisuelles sont nombreuses et sont associées à la fascination de Federico Solmi pour les manifestations ou représentations de la sexualité, ainsi les personnages sont hypersexués de King kong au Pape en passant par Rocco Siffredi. Pour réaliser ses vidéos, Federico Solmi crée plus de 1000 dessins qu’il anime ensuite à la manière d’un flip book, revenant ainsi au premier stade du dessin animé.
Le procédé utilisé par Federico Solmi est à la fois très traditionnel et en même temps révolutionnaire puisque l’artiste confie son story-board à Russel Lowe, qui a pour lourde tâche de l’animer en 3D. Ensuite, Federico Solmi imprime ce travail comme une série de cadres et à partir de ces impressions, il commence à dessiner. La série de dessins obtenus est ensuite numérisée et montée. Le travail de Federico Solmi n’est pas sans rappeler Jean Dubuffet qui voit l’homme profondément aliéné à la réalité et qui dénonce cette culture, institutionnalisée, publicitaire, qui prévaut.
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Enfin Melissa Steckbauer s’amuse à rejouer les grandes références de la mythologie avec des accouplements contre nature à mi-chemin entre la chimère et les dieux de l’antiquité. « On ne peut blâmer personne : ni Léda et son cygne, ni Phasiphaé et son taureau, ni la fiancée lapithe luttant lentement sur sa couche avec son centaure. Chaque noce bestiale est précédée d’un rêve qui l’annonce » (Marie-Josèphe Wolff-Quenot, Des monstres aux Mythes, Paris, Guy Trédaniel éditeur,1996, p.15). Ainsi chez Melissa se rejoue le combat entre l’homme et l’animal, la joute sexuelle qui renvoie à l’animalité instinctive et première de l’homme. A travers une galerie de portrait, Melissa crée un catalogue de la sexualité en une sorte de mélange de genre
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De toutes ces propositions « le monstre permet d’écarter les frontières de la nature pour échapper à toutes contraintes, il nous attire vers l’imaginaire en regard d’une norme qui semble fade et effacée ». Ils nous font passer tour à tour de l’effroi, à la compassion ou encore au rire. Mais par-dessus tout en regard de l’acte de création, Priape est là , dieu ithyphallique garant de la fertilité.
Vernissage
Jeudi 15 janvier 2009. 18h30.