Ugo Rondinone, Anne Collier, Angela Bulloch, Verne Dawson, Judith Eisler, John Giorno, Mark Handforth, Matthew Higgs, Pierre Huyghe, Françoise Janicot, Scott King, Elizabeth Peyton, Erik Satie, Michael Stipe, Billy Sullivan, Rirkrit Tiravanija, Andy Warhol
I love John Giorno
«I Love John Giorno» est la première rétrospective mondiale sur la vie et l’œuvre du poète américain John Giorno (né en 1936, vit à New York), figure majeure de la scène underground américaine des années 1960.
L’exposition est conçue par l’artiste suisse Ugo Rondinone (né en 1964, vit à New York) comme une œuvre à part entière. «’ai imaginé l’exposition en huit chapitres qui représentent chacun une facette de l’œuvre foisonnante de John Giorno. L’ensemble reflète son processus de travail et permet de comprendre la double influence de la culture américaine et du bouddhisme sur sa vie et son art» explique Ugo
Rondinone.
«Ugo Rondinone a sculpté cette exposition avec l’exigence d’un physionomiste modelant la vie intérieure de John Giorno en miroir de son œuvre. C’est dans un Palais de Tokyo transformé en “palais des glaces” que le visiteur est invité à traverser le labyrinthe d’une vie, reflétée dans mille éclats de miroirs — que ce soit les premiers films inédits de Warhol, de rares thangkas bouddhistes ou les poèmes peints de John Giorno». Florence Ostende
Personnage iconique des premiers films d’Andy Warhol, John Giorno s’inspire de la libre appropriation des images du Pop Art et capture sur le vif la langue populaire des publicités, de la télévision, des journaux et de la rue. Dans la lignée de la Beat Generation, il renouvelle le genre de la «poésie trouvée» et œuvre pour rendre la poésie ouverte à tous.
Dès le début des années 1960, John Giorno conçoit le poème comme un virus qui doit se transmettre au plus grand nombre. En composant un simple numéro de téléphone, son œuvre culte Dial-A-Poem (Composez un poème) (1968) rend accessible l’écoute de poèmes par téléphone et dépasse rapidement le million d’appels.
Qu’ils soient enregistrés sur un disque, peints sur une toile, déclamés sur scène ou déstructurés sur la page d’un livre, les poèmes sont considérés par John Giorno comme des images, dont la reproduction par la technologie est sans limite. «A l’ère du sampling, du copier-coller, de la manipulation digitale du texte et de l’art de l’appropriation — qui trouve son apogée dans le hip hop et l’orgie textuelle du web — le monde rattrape enfin les techniques et les styles dont Giorno fut le pionnier il y a plusieurs décennies ». (Marcus Boon, «Introduction», in Subduing Demons in America, Selected Poems 1962-2007, Soft Skull Press, New York, 2008)
A la croisée de la poésie, des arts visuels, de la musique et de la performance, l’exposition révèle l’influence marquante de la vie et de l’œuvre de John Giorno sur plusieurs générations d’artistes qui ont réalisé son portrait — du chef-d’œuvre filmique Sleep (1963) d’Andy Warhol à son remake par Pierre Huyghe, en passant par R.E.M, Rirkrit Tiravanija, Elizabeth Peyton, Françoise Janicot, Verne Dawson, Billy Sullivan et Judith Eisler.
La section dédiée au Giorno Poetry System (1965-1993), confiée au commissaire d’exposition Matthew Higgs en collaboration avec les artistes Angela Bulloch et Anne
Collier, retrace l’activité de production, de diffusion et de promotion de plus de 50 disques et albums par 150 artistes, musiciens, poètes et performers dont Frank Zappa, Debbie Harry, William S. Burroughs et Phillip Glass.
Célèbre pour ses sculptures anthropomorphiques, ses masques noirs et ses clowns hyperréalistes, Ugo Rondinone réinvente ici le format de la rétrospective à la manière d’un portraitiste. Il affirme la nécessaire reconquête d’une forme de spiritualité à travers les correspondances entre art et poésie.
«Le titre I Love John Giorno est un Je collectif dans lequel Ugo Rondinone invite chacun de nous à partager et à ressentir l’engagement spirituel et politique d’une figure emblématique de la contre-culture américaine. Bien plus qu’une première rétrospective, cette exposition est une déclaration d’amour qui marque l’invention d’un nouveau genre». Florence Ostende
Vernissage
Lundi 19 octobre 2015