Vincent Bonnet
Hypersujets
«Photographe, éditeur, artiste, iconoclaste, Vincent Bonnet s’intéresse à l’image, à ses conditions d’apparition, à ses territoires d’action, à ses usages vernaculaires et à ses enjeux de production. Conscient de la portée politique de l’occupation de “l’espace public” par des reproductions de toutes les espèces, il interroge les mécanismes de cette présence ubique et invasive.
Dans son œuvre, la multiplication et la propagation de masse élaborent un principe de travail qui prend corps à travers des formes éditoriales, imprimées et variées… Jouant de l’interférence et de l’immixtion, il met en place des stratégies reproduisant les modes de dissémination des images publiques. Ses œuvres reprennent souvent les protocoles des campagnes publicitaires, elles jouent de certains de ses codes et appellent au questionnement par la saturation. Les actions qu’il mène représentent autant de manières d’investir, de façon éphémère et concrète, le champ social et politique, procurant à ses “œuvres-images-actions” une efficacité problématique.» (Guillaume Mansart)
L’exposition «Hypersujets» réunit des objets éditoriaux, des travaux graphiques et une nouvelle série d’images. En enregistrant ce qui ne cesse d’apparaître et de disparaître, cette série de photographies est une recherche inédite sur les visages et les corps publics — médiatisés.
Fin avril 2007, alors que la campagne des élections présidentielles se termine, Vincent Bonnet tire le portrait des candidats. Ce travail s’est étendu ensuite aux images publiques du monde du show business, de la mode, des médias, du cinéma, du luxe, de la publicité, du spectacle, etc. L’exposition propose, sur le mode de l’altération, une confrontation à un ensemble de cas de figures. Elle est une forme d’exorcisme à partir de ce qu’on nous impose. Elle est conçue comme un nouvel espace public et s’appréhende comme un environnement.
«Avec l’hypersujet, il est d’abord question de sujet et de sujétion… c’est une dialectique imparable. Le sujet est une distinction, c’est moi, toi, il, elle, nous, vous, ils, elles. Dans l’exposition, on peut facilement passer de l’un à l’autre sur le mode de l’identification, du rejet, de la reconnaissance, de l’indistinction et de l’anonymat. Nous sommes tous convoqués. Le sujet est d’abord le fondement du langage: il détermine la phrase, l’énoncé. Mais il est une pure fiction totalement assumée par les rationalistes. Il y a toujours quelque chose qui nous échappe sauf la sujétion, quoi que? — le roi n’est pas un sujet, ni Dieu, ni Charlie…
Le passage à l’hypersujet est le lot des sociétés «démocratiques» iconophiles. Leur fonctionnement repose sur la simple loi que n’importe qui peut devenir temporairement président de la république ou une célébrité mondialisée… Le turn-over des représentants ou des icônes est la règle pour que le système ne change pas. Cette ambivalence du titre de l’exposition est pour moi fondamentale. C’est à chacun de tisser des liens entre ce titre et cet environnement d’images — par le déplacement de son propre corps.» (Vincent Bonnet)
Vernissage
Vendredi 15 mai 2015 à 18h