Reporter-photographe des mouvements sociaux suisses des années 1970-1980, photographe de scène au théâtre de Vidy à Lausanne, autodidacte qui exhume les œuvres d’artistes « bruts » oubliés de l’histoire de l’art : le photographe suisse Mario Del Curto est inclassable. Depuis plusieurs années il est engagé dans une nouvelle aventure : capturer les relations complexes que les êtres humains entretiennent avec la végétation. Son livre Humanité végétale (2019) révélait une partie de ce projet ; l’exposition au Lieu Unique présente pour la première fois la totalité de ses photographies.
« Humanité végétale » : les jardins symbole de la domestication de la nature
De l’Italie au Portugal, de la Chine au Kazakhstan, du Japon au Pérou, Mario del Curto a parcouru la Terre pendant plusieurs années pour raconter, par la photographie, l’histoire complexe qui lie les êtres humains au monde végétal. Il la retrace au prisme des jardins, qui symbolisent la domestication humaine de la nature.
L’exposition « Humanité végétale » se divise en différentes sections, qui fournissent un large panorama des espaces végétaux aménagés par l’Homme. Au travers des 200 photographies de Mario de Curto, on mesure la multiplicité des modes de domestication : agricole (potagers et cultures), scientifique (jardins botaniques), spirituel (jardins sacrés et cimetières), politique ou encore esthétique (jardins royaux et urbains).
Il ne s’agit pas seulement de capturer des paysages imaginés par l’Homme, mais également de montrer leurs expériences avec ces espaces. Du paysan péruvien, qui cultive des pommes de terre sur les hauteurs andines, au businessman japonais qui côtoie quelques rares parterres d’arbustes dans une jungle de gratte-ciels, la proximité avec la nature diverge.
« Humanité végétale » : reprendre contact avec la terre
L’exposition « Humanité végétale » est née d’une inquiétude quant à la crise écologique actuelle, à ses conséquences sur la biodiversité et in fine sur la société contemporaine. « J’ai le sentiment que le monde se trouve à un moment charnière de son évolution. Ce que nous appelons progrès se révèle être un obstacle à l’équilibre naturel, une menace sur les micro-organismes, mis à mal par l’agrochimie, et pourtant fondements de la vie », explique-t-il.
Au fur et à mesure que le monde s’urbanise, l’expérience et la compréhension qu’ont les Hommes de la nature se font peau de chagrin. Au point de perdre de vue l’importance de l’environnement et de se croire hors-sol. Les photographies de Marco del Curto donnent à voir ce constat et invitent à se demander ce que l’on doit à la terre. Une incitation à enraciner nos modes de vie dans le vivant.