Huma Bhabha
Huma Bhabha
Les sculptures d’Huma Bhabha évoquent l’art primitif, des rituels venus d’autres cultures ou des personnages issus de secousses post-apocalyptiques. Elles sont constituées de matériaux pauvres ou recyclés comme le polystyrène, le fer, l’argile séchée ou des morceaux de bois recyclés. Ses sculptures conservent un aspect très mystérieux dont on ne sait s’il se situe à l’ère primitive ou au contraire aux abords d’un nouveau monde après une destruction planétaire.
Ces sculptures à la fois informes et très matérielles dégagent une grande spiritualité. Dans les mains d’Huma Bhabha, les formes originelles comme un visage, un corps ou un trône royal sont tordues, transformées dans des matériaux très atypiques pour donner des formes hybrides.
Les formes sont modelées dans un esprit de revisitation comme déjà Picasso, Giacometti ou Lipschitz l’ont fait avant Huma Bhabha.
Mais il y a aussi une approche très américaine revendiquant le refus de la hiérarchie des formes, des matériaux et des modes de représentation comme chez Rauschenberg puis comme dans l’art minimal avec également l’esprit post-capitaliste des années 70, la violence que l’on a pu voir dans les vidéos de Bruce Nauman, les sculptures de Chris Burden puis dans les peintures de Basquiat.
Mais toute l’originalité de l’oeuvre de Bhabha réside dans un sens presque religieux donné à ses œuvres, proche du Chamanisme de Beuys, qui lui aussi travaillait des matériaux très simples et chargés de sens. Elle se réfère aussi au poème de Percy Bysshe Shelley, l’Ozymandias dont une des interprétations du sonnet est que le temps gagne toujours, la nature prévaut toujours à la fin.
Bump in the Road, 2008, sera exposée à la galerie. Cette oeuvre avait été montrée au Aldrich Museum en 2008. Faite d’argile, de bois, de toile d’emballage, de fer, de sable et de cendre, cette oeuvre retrace tout l’univers de Huma Bhabha. Deux sculptures de taille moyenne en liège et papier seront aussi exposées, elles dégagent le même mystère que les grandes sculptures de l’Ile de Paques.
Seront exposées aussi des photographies repeintes où l’on sent les racines de Huma Bhabha, le Pakistan dont elle photographie les ruines et le désert. C’est encore un paysage apocalyptique sur lequel elle dessine de grands pieds de colosse. Est-ce pour montrer l’enracinement et la fossilisation des cultures ou est-ce la fuite devant les paysages désolés? L’artiste se rend deux fois par an au Pakistan dont elle revendique les racines profondes.
Comme dans les aquarelles, Huma Bhabha, donne une grande profondeur aux regards et aux visages mi-humains, mi-simiesques. Les couleurs sont très intenses et profondes. On y retrouve l’ambiance « primitive » des sculptures.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Céline Piettre sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Huma Bhabha