Présentation
Hans Ulrich Olbrist, Dorothea von Hantelmann
How to do things with art
La question des rapports de l’art à la société est au cœur de l’essai de Dorothea von Hantelmann. Comment l’art devient-il signifiant d’un point de vue politique et social, quel peut être concrètement l’impact d’une œuvre d’art à ce niveau, par quels moyens les artistes non seulement travaillent en prise directe avec le réel, mais produisent de la réalité?
L’auteur aborde la question d’un point de vue théorique, au travers notamment de l’analyse des œuvres de James Coleman, Daniel Buren, Jeff Koons et Tino Seghal.
Si l’essai de Dorothea von Hantelmann fait explicitement référence dans son titre aux travaux de John Langshaw Austin (« How to Do Things with Words ») et fonde son argumentaire sur la notion de performativité, théorisée au sujet du langage par Austin et développée par Judith Butler, il propose, au delà , une véritable sémantique de l’« intervention» de l’œuvre d’art, non pas en dépit, mais grâce à l’intégration de certaines conventions: comment, par exemple, via l’institution muséale, l’œuvre participe à la production d’une histoire, d’un progrès, d’un développement.
Le modèle de la performativité en faveur duquel plaide l’auteur permet de mettre en lumière les différents niveaux de la production de sens, et cette dépendance mutuelle dans laquelle les conventions et le contexte historique sont aussi bien déterminants pour la production artistique que déterminés (et donc modifiés) par elle.
L’essai de Dorothea von Hantelmann offre de nouveaux outils pour penser une subjectivité créatrice et auto-déterminée, particulièrement pertinents à une époque où la consommation culturelle de masse, la multiplication des musées et la fréquentation populaire des grandes expositions témoignent du rôle prédominant de l’art et de l’artiste dans les sociétés occidentales d’aujourd’hui.