Athanasios Zagorisios, Marion Davout, Régis Crozat
How can we remember what can not be seen
La galerie Laure Roynette rassemble les Å“uvres de trois artistes contemporains dans l’exposition «How Can We Remember What Can Not Be Seen…» (Comment pouvons-nous nous rappeler ce qui ne peut être vu). Les installations conceptuelles d’Athanasios Zagorisios, les dessins et photographies de Régis Crozat et les tableaux de Marion Davout partagent un questionnement sur notre mémoire des choses qui ne peuvent pas être perçues par nos récepteurs sensoriels.
L’esthétique de l’éphémère est au centre de l’Å“uvre d’Athanasios Zagorisios. Ses installations traquent les instants fugaces, en particulier les états transitoires de certains phénomènes naturels et les infimes variations qui, dans la nature, en entraînent d’autres.
L’installation Breathe Out (Respire) reproduit à petite échelle le cycle de l’eau. Un dispositif thermoélectrique utilisant l’effet Peltier (phénomène physique de déplacement de la chaleur par un courant électrique) crée une goutte d’eau par condensation lorsque l’on souffle sur sa surface froide. Cette goutte roule sur un rail d’aluminium et termine sa course dans de l’argile blanche placée dessous. Elle est alors en partie absorbée par l’argile tandis que le reste s’évapore, redevenant de l’air humide tel qu’au début du processus.
Les installations de Régis Crozat explorent le thème de la ruine, dans l’idée de
conservation de la mémoire. Elles reposent sur des documents consacrés à des sites médiévaux ruinés. Ces traces du passé parfois quasiment effacées sont soigneusement répertoriées à travers une série de dessins à l’encre et à la mine de plomb, et par des tirages photographiques. Chaque image, photographie ou dessin, sort la ruine de son contexte spatio-temporel et la fige dans l’instant de sa découverte et de sa contemplation. Ces Å“uvres invitent à préserver la mémoire des ruines.
La série de tableaux de Marion Davout s’inspire de curieux dioramas réalisés à Nevers au XVIIIe siècle. Faits de verre filé et de matériaux hétéroclites (coquillages, papier peint, morceaux de miroirs, carton, tissu, bois, brindilles, cailloux…), les dioramas mettaient en scène, dans une boîte fermée par une vitre et entourée d’un cadre, des thèmes à la fois profanes et sacrés. Dédiés à la mémoire d’un saint ou d’une personne, ces dioramas les évoquaient dans leurs environnements mythique ou professionnel.
Les tableaux de Marion Davout reproduisent à l’huile sur toile ces miniatures par des motifs expressionnistes à la limite de l’abstraction. Les décors chargés sont suggérés par des compositions disparates faites de frises de perles et de coquillages qui entourent des aplats de couleurs sombres, tandis que des masses de petites fleurs évoquent une saynète pastorale. Le souvenir est incarné dans ces miniatures comme un reflet idéalisé du réel qui, plus que jamais, ressemble là à un mirage.
Vernissage
Mardi 5 juillet 2016.