Gareth Moore
Household Temple Yard
La Criée présente «Household Temple Yard» de Gareth Moore, dans le cadre des Ateliers de Rennes — biennale d’art contemporain. En écho à son œuvre présentée dans l’exposition «PLAY TIME» au Frac Bretagne, Gareth Moore propose à La Criée une exposition monographique, qui regroupe un ensemble de sculptures caractéristique de son intérêt pour le magique et le mythique.
Explorant les limites de la notion d’auteur dans la production d’une œuvre d’art, Gareth Moore questionne et remodèle le statut des matériaux et objets trouvés. Il déplace les distinctions entre art et activité quotidienne, pour créer des récits sculpturaux qui se développent à la fois matériellement et socialement. Usant d’une minutieuse économie de moyens, il révèle les valeurs et sens potentiels d’objets ordinaires, développant ainsi un intérêt pour la réhabilitation de ce qui est habituellement mis au rebut ou qui passe inaperçu.
En 2012, pour A place — near the buried canal à la documenta (13), Gareth Moore a vécu pendant deux ans au parc Karlsaue de Kassel, utilisant des matériaux glanés dans le parc et ses alentours pour y créer différentes structures et sculptures. Le site comprenait une maison, une pension où les visiteurs pouvaient louer un hébergement, un point d’eau, des toilettes sèches, un kiosque et un temple, l’ensemble entouré de nombreuses sculptures.
Excentrique et bucolique, A place — near the buried canal fournissait aux visiteurs de la documenta (13) des espaces de détente et fonctionnait selon ses propres horaires d’ouverture. L’installation qui s’est transformée et a augmenté tout au long de l’exposition, s’est terminée par le démantèlement du site et le retour à son état de jachère originel.
Les relations entre le rituel, l’objet, le spirituel et les pratiques méditatives sont au cœur de l’exposition «Household Temple Yard», présentée à La Criée après une première occurrence à la galerie Catriona Jeffries de Vancouver fin 2013. Une trentaine de temples sont disposés dans l’espace d’exposition sur des étagères basses en contre-plaqué, comme dans un magasin, attendant leur acquéreur et leurs utilisations futures.
Gareth Moore a conçu ces sculptures mausolées sans leur donner de sens ou d’instructions spécifiques, même si pour chaque temple, certaines formes ou éléments peuvent parfois orienter leurs usages, comme par exemple une punaise pour accrocher une image ou une grille métallique sur laquelle brûler des matériaux. Ces temples sont destinés à être activés par les personnes qui les acquièrent, restant jusqu’à ce point inachevés pour l’artiste. Une série de dessins-collages, réalisés avec des grattoirs à allumettes, accompagnent ces sculptures.
Tout au long de l’exposition le personnel du centre d’art les utilisent pour allumer encens, feuilles, plantes, écorces et autres matériaux odorants collectés par l’artiste et disposés au centre de l’espace d’exposition. Enfin, des bouches d’aération sont insérées dans les murs, permettant la circulation de l’air entre l’intérieur et l’extérieur, dans un passage autant physique que métaphorique.
Avec «Household Temple Yard» Gareth Moore propose une lecture sculpturale des pratiques rituelles et sacrées et dans le même temps des procédés à l’œuvre dans la production de sens. Par ce biais, il interroge aussi la valeur spirituelle et marchande, réelle ou projetée, inhérente au travail artistique.