ART | EXPO

Hotel California

27 Juin - 31 Juil 2008
Vernissage le 26 Juin 2008

Les artistes californiens majeurs présentent ici peintures, sculptures et performances. Toutes prônent le refus d’un modèle lié au marché, l’impertinence, l’absence de conformisme, le mélange des genres et les attaques féroces contre les standards de la société américaine.

Richard Jackson, Mike Kelley, Martin Kersels, Paul McCarthy, Spandau Parks, Allen Ruppersberg et Jim Shaw
Hotel California

Depuis Richard Jackson, né en 1939, jusqu’à Martin Kersels, né en 1960, en passant par Mike Kelley, Allen Ruppersberg, Jim Shaw, Spandau Parks et Paul McCarthy, les artistes californiens ont défini – et continuent indéniablement à définir – l’une des scènes artistiques contemporaines les plus importantes et les plus vivantes de notre époque.

Le refus d’un modèle lié au marché, l’impertinence, l’absence de conformisme, le mélange des genres (peinture, sculpture, performance), les attaques féroces en règle contre les standards de la société américaine ont permis à ces artistes d’échapper au formatage inhérent au marché… pour le plus grand bonheur de quelques collectionneurs courageux et de quelques jeunes galeries au début des années 90.

On peine à imaginer que ces artistes étaient encore considérés comme des jeunes plasticiens jusqu’au milieu des années 90.

C’est ainsi que notre galerie débutante a pu réaliser la première exposition de Paul McCarthy en mai 1994 et que, de cette expérience, sont nées des relations avec la plupart des artistes californiens de cette génération. Près de 15 ans plus tard, et alors que notre galerie travaille dorénavant avec certains étudiants de ces artistes (tels Adam Janes ou Mike Bouchet), il nous a semblé important de proposer un point de vue sur cette génération dorée qui a participé à notre identité.

L’ensemble des oeuvres sélectionnées fait bien sûr écho à notre parcours.

Ainsi la sculpture de Paul McCarthy, « Skinny Bear » est l’exemple le plus radical des jouets géants réalisés par l’artiste entre 1992 et 1994, série de cinq à six oeuvres toutes différentes et uniques qui mettent en scène des peluches géantes dévoyées, faisant de ces archétypes enfantins des formes à la fois ironiques et monstrueuses.

« Skinny Bear » est posé sur une vieille table en bois abîmée, l’un de ses bras décharné semble être une chute d’un mannequin de l’artiste, l’absence de corps sous la fourrure lui donne une apparence de dépouille très proche d’un objet de performance dont il aurait pu être issu.

« Big Baby » de Richard Jackson est la dernière émanation de la « Dining Room » exposée en juin 2007 dans notre galerie qui parodiait le dîner familial américain en orgie picturale. Le bébé, plus petit élément de la famille, a grandi de manière démesurée et, comme beaucoup de sujets de Richard Jackson, est devenu une infernale machine à peindre.

Les deux magnifiques oeuvres de la série « Alteration » d’Allen Ruppersberg explorent à nouveau la société américaine au travers d’analogies entre le carnet de commande d’un couturier des années 50 et les habitudes sociales dont elles témoignent.

Le carnet de commande se déploie sur une toile blanche alors que son double s’affiche sur une grande toile bleue ; l’original et la copie finissent par se côtoyer tant dans le monde de l’art que dans celui de la mode.

De Jim Shaw, « Left Behind #3 » est probablement l’une des plus abouties de la série des grandes bâches. Sur une immense toile issue d’un décor de théâtre des années 30 représentant le Dodger Stadium, l’artiste a remplacé le spectacle par une succession de pierres tombales aux noms des fossoyeurs du communisme et une rangée de bicyclettes recouvertes de pierres précieuses. Univers du cartoon et Arts populaires se mêlent ici pour donner une vision très politique d’une Amérique déchue.

Martin Kersels vient de l’univers de la performance musicale. Ses proportions physiques colossales associées à une grande souplesse lui permettent d’intégrer grotesque et démesure dans ses chorégraphies.

L’oeuvre présentée ici n’est pas moins que la scène du chef d’orchestre pour les idiots (« Podium for an idiot conductor ») avec son costume et ses divers accessoires (raquettes de ping-pong, fouet, cloche, etc) aussi incongrus que nécessaires pour la symphonie de « basse-cour » jouée par une vingtaine de musiciens « bruitistes » lors de l’exposition « Orchestra for Idiots » à la galerie en 2005.

Les dix bannières de Mike Kelley de 1989, artiste emblématique de cette scène, seront exceptionnellement visibles dans leur version intégrale. Chacune, par son sujet, sa signature, est une icône, un signe fort de l’univers de l’artiste et du langage californien.

Enfin, Spandau Parks, l’ »outsider », « l’être à part » cité en tant que tel par les autres artistes est le contemporain de Paul McCarthy et demeure un particularisme étonnant.

Depuis 25 ans, Spandau Parks est entouré des vingt mêmes toiles qu’il peint chaque jour sans relâche. La matière et les objets accumulés finissent par former des reliefs, des formes indéfinissables. Seules les photographies des détails que la galerie présentait en 2004 et exposées aujourd’hui, sont les témoignages de cette oeuvre profonde et radicale.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Léa Bismuth sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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