Horse Trailer Studiolo (Atelier de la remorque à chevaux) est une structure autonome qui va servir de support à un cycle d’expositions dont la première session est consacrée à Makoto Yoshihara.
Il s’agit d’un espace dans l’espace, d’un atelier dans la galerie, qui invite à l’expérimentation. Cette de forme anthropomorphique représente une tête qui renfermerait l’âme de la sculpture. Métaphoriquement, elle symbolise le cheval (l’âme) qui, dans sa remorque, est tracté par une énergie extérieure.
Cette remorque se réfère à la peinture métaphysique de Giorgio de Chirico (Mélancolie et mystère d’une rue, 1914), mais aussi aux chevaux de Théodore Géricault, bridés et maîtrisés d’une main ferme (Cheval sortant de l’écurie, 1817).
La première session du cycle d’expositions conçu par la galerie ColletPark est donc consacrée à Makoto Yoshihara, qui est créateur d’interfaces musicales. Il réalise des interventions sonores lors de démo-concerts lives au cours desquelles il compose des partitions électroacoustiques.
Son travail est accessible sur le site internet de Téléférique, qui est un bureau collectif en réseau d’art contemporain (créé en mars 1999 par Etienne Cliquet et Sonia Marques), dont Makoto Yoshihara est membre administrateur).
Téléférique expérimente de nouvelles formes de productions, de diffusions, et d’archivages.
Pour la galerie ColletPark, Makoto Yoshihara a utilisé la structure comme d’une membrane de haut-parleur. Il a fixé sur les les parois de verre de la structure des Vibration speakers, des petits haut-parleurs spécialement conçus pour être fixés aux vitres.
À la manière des poupées gigognes, la galerie est un espace qui en contient un autre, qui lui-même contient un son, et finalement, un nouvel espace-temps… Dans cette mise en abîme, sans les petits haut-parleurs fixés comme des électrodes sur les parois de verre, on ne saurait d’où vient le son, ni qui contient quoi, ni dans quel ordre tout cela s’imbrique.
Makoto Yoshihara a composé in-situ sa partition en adaptant et modulant ses rythmes électromagnétiques en fonction des réactions de la structure sur laquelle sont fixés les haut-parleurs. On peut voir les lames de verre vibrer en accord avec les basses fréquences, et on devine le son des montants d’aluminium dans les stridences des hautes fréquences.
La composition sonore est véritablement «parasitée» par la structure qui en devient de fait la caisse de résonance. A l’inverse, les nombreux câbles blancs qui relient à l’ordinateur et à la console les petits haut-parleurs fixés comme des électrodes sur le corps de la remorque donnent l’impression que la structure est «médicalisée» par un savant fou qui aurait installé au chevet de la structure une machine improbable, à mi-chemin entre le détecteur de mensonge et l’électrocardiogramme…
Cette impression de «white cube médical» est accentuée par les pulsations de la partition sonore qui rappellent le souffle systolique d’un cœur, ou encore le monitoring d’un nourrisson qui évolue dans le ventre de sa mère.
Cela confère à l’installation une étrange impression de vie… Mais une vie qui appartient à un autre espace-temps (celui de l’âme ?).
Voilà vers quels lieux mystérieux la remorque de la galerie ColletPark semble conduire l’art expérimental de Makoto Yoshihara…
Liste des œuvres
— Makoto Yoshihara, Loop-11-2009, 2009. Computeur, amplificateur audio, vibration speakers.
— Denis Collet, Hyun Park, Horse Trailer Studiolo, 2009. Aluminium, PVC, verre émaillé, verre polarisé. 380 x 156 x 280 cm
Publications
http://www.teleferique.org/