Communiqué de presse
Jacqueline Taïb
Hors-sol
Jacqueline Taïb, pour l’exposition « Hors-sol », présentera un ensemble de nouvelles peintures et dessins, où elle explore avec un point de vue, un choix de cadrage très personnels des scènes et structures observées dans des fêtes foraines.
C’est un moyen de prolonger ses recherches précédentes sur les architectures en/de chantier, tout en y introduisant des personnages : la toile « Pas de perdant », par exemple, provoque un sentiment étrange, la figure du forain au premier plan se confondant avec l’amoncellement de peluches du stand, la structure légère du stand de foire étant évoquée par quelques lignes orthogonales.
Jacqueline Taïb, après avoir détaillé les zones en construction, souvent chaotiques, qui ceinturent les agglomérations, puis encore ces peintures où les voitures envahissaient la surface de la toile, s’intéresse au foisonnement des populations urbaines, à leur mixité, choisissant d’intensifier la couleur pour provoquer notre regard.
« Jacqueline Taïb commence ses toiles par des relevés photographiques. Elle n’y cherche pas une image, ni un élément pittoresque, à peine quelques indices de lignes, de plans, de perspectives ; quelques zones de couleur y apparaissent, ainsi qu’une orientation virtuelle de l’espace.
Plus qu’une représentation du réel, la photographie en est un premier filtre, y faisant émerger des éléments de picturalité. Loin de dissoudre l’espace pictural, la photographie, ici, le fait apparaître. Comme aurait pu le faire une esquisse, cherchant dans le réel les possibilités de peinture.
Se révèlent aussi, dans cet usage minimal de la photographie, des virtualités de l’espace urbain : non pas des bâtiments, des voies de communication, des architectures plus ou moins monumentalisées, du mobilier urbain, (…) mais un ensemble de plans, de pleins de vides, de points colorés, de directions et de dimensions dans lesquels s’enfonce et s’aventure le regard du peintre.
Le cadrage neutre, hasardeux et pourtant précis de la photographie a défait la scène urbaine ; le travail pictural défait la représentation close de la photographie, lui substituant un espace mental comme espace labyrinthique. Plutôt que des arêtes, des contours, des signaux, le tableau emboîte les pans, fond les couleurs, laisse l’œil se perdre dans l’enchevêtrement des espaces.
Ce qu’un premier regard pouvait prendre pour des repères, perd son évidence et finit par participer de l’étrangeté de ce réel… » (Pierre Manuel, 2007, in Entretiens de l’AL/MA, éditions Méridianes)
Jacqueline Taïb exposera dans le cadre de l’exposition des lauréats de la Fondation d’entreprise Colas à Boulogne, à partir du 7 octobre prochain.