Communiqué de presse
Bernard Thimonnier
Hors saisons
Tout espace défini, ressenti radicalement est une île. Ce que tente Bernard Thimonnier comme «isolateur», entre le mystérieux dépérissement des lois humaines et climatologiques au-dehors, et les siennes propres, au-dedans du cadre insulaire du lieu d’exposition.
Une mise en perspective de deux lourds blocs de grès lestés par endroits de plomb et d’une très haute paroi lumineuse composée de bouteilles claires convoquent un temps premier forcément sourd, aveugle et insensible, c’est à dire privé de pathos. Une Genèse-Big-Bang d’où l’homme est écarté.
Bernard Thimonnier aime à mettre au monde la vérité brute de la matière comme une apparition, une métaphysique endémique, une épiphanie existentielle. Après le tremblement arrêté des météorites, voici que le jour se lève sur les humains, à la verticale. Une nef optique renversée devant laquelle des ombres passent plates et noires, celles des visiteurs eux-mêmes qui se trouvent projetées en temps réel comme un faux témoignage de leur existence. Il devient difficile de nos jours de ne pas être filmé dans nos villes, pour quelle narration ou pour quel oubli ? Peter Sloterdijk dit «qu’à la place de l’auto-éclairage de l’être, s’installe la clairière obligatoire du ‘’donné’’ ; à la place de la réflexion vivante, l’observation organisée».
Ici point de place à l’industrie actuelle des fantasmes de vainqueur, il s’agit du fugitif isolement d’un atome de vertige dans les poches crevées de l’univers.