Jean Ferrero
Hommage à Arman
Parallèlement à l’exposition du Mamac de Nice consacrée à Arman, la Donation Ferrero propose une quarantaine de photographies d’Arman réalisées par Jean Ferrero, célèbre galeriste niçois, photographe et collectionneur qui a participé à l’émulation de la scène artistique locale à partir des années 1970. Cet accrochage révèlera une histoire plus personnelle, celle d’une amitié entre un marchand-photographe et un artiste.
Avant de devenir le galeriste que l’on connait, Jean Ferrero a débuté sa carrière comme photographe aussi bien dans le domaine de la presse que dans celui de la photographie créative. D’abord à la rude école du «photo stop», il réalise dans la rue, des portraits à la volée où il développe son sens du cadrage, l’immédiateté du coup d’œil. Ensuite, au milieu des années cinquante, il débute une série de photos de nus masculins qui lui permet d’aborder le travail de la pose et les raffinements techniques de la lumière.
Parallèlement, il été photographe de presse et a collaboré avec plusieurs journaux dont Le Patriote, Nice-Matin, La Stampa, mais surtout avec la revue XXème siècle pour laquelle il a réalisé de nombreux reportages sur des artistes célèbres de Picasso à Henri Moore, de Man Ray à Lucio Fontana, de Miro à Chagall en passant par Max Ernst ou Edouard Pignon. Jean Ferrero a toujours vécu au plus près des artistes qu’il a collectionnés et montrés, avec des affinités profondes pour certains, en particulier avec Arman, dont il fut non seulement un des marchands mais aussi un ami et un complice actif dans l’élaboration de son œuvre.
«J’ai rencontré Arman très tôt quand il faisait du judo à la salle de la Police avec Yves Klein, vers 1954. J’ai eu avec lui une complicité très grande jusqu’à la fin de sa vie. Quand il a commencé à travailler sur les objets, avec les «allures», j’ai été très intéressé par l’originalité de cette démarche qui renouvelait l’approche dadaïste et surréaliste du collage. […] Comme il avait un esprit particulièrement clair et qu’il aimait transmettre son savoir et charmer son auditoire, [Arman] était très intéressant comme interlocuteur. Ce qui était frappant, c’était sa capacité de se passionner pour un sujet et de le creuser à fond; on apprenait beaucoup de choses avec lui» se remémore Jean Ferrero à propos d’Arman. De cette relation intime partagée jusqu’à la disparition de l’artiste, Jean Ferrero a saisi nombre d’instantanés évoquant aussi bien son travail de création que sa vie familiale et amicale.