Adel Abdessemed
Holidays. God Is Infinity
L’exposition d’Adel Abdessemed interpelle le visiteur sur un ton léger et insouciant : Holidays. La vacance de Holidays consisterait à faire acte d’absence comme acte d’art, c’est-à -dire à produire de l’espacement là où il y a déjà un trop plein d’images, à introduire le doute là où la vérité s’impose comme autorité, à produire du trouble là où l’évidence fait violence.
D’autre part, Holidays revient à se penser soi-même ou à investir un ici comme étant déjà autre, déplacé, exilé.
Enfin, littéralement, Holidays est un jour saint, et à lire le sous-titre de l’exposition, God Is Infinity (Dieu est Infini), il ne fait aucun doute que le spirituel gravite autour de cette exposition. Ce qui peut a priori incongru, culotté, prétentieux, dépassé…
Adel Abdessemed visualise avec une sincérité déconcertante une quête de l’infini là où on s’y attend le moins, plaçant les enjeux du politique au cœur du spirituel, déconstruisant les symboles et les discours qui transforment l’infini en un dogme ou un instrument de pouvoir.
L’œuvre d’Adel Abdessemed se situe au cœur du politique. L’artiste refuse cependant de s’encombrer de prises de positions événementielles ou de dénonciations militantes. Le geste artistique consiste à s’approprier une image et, littéralement, à la transformer en un acte brut : écraser une canette de Coca-Cola ou fabriquer des cocottes en papier avec des dollars. Il en découle alors une œuvre délestée d’un esthétisme redondant ou d’un militantisme clos au profit d’une forme-action dépouillée où la pensée politique vient surprendre et interpeller le spectateur.