Sophie Dejode, Bertrand Lacombe
Holey Glory
Le travail de Dejode et Lacombe a trait à la fois au monde capricieux et faussement naïf de l’enfance, aux mondes virtuels des geeks et à l’esprit punk d’un univers «no future».
Il use d’une pratique de l’autoconstruction: cabanes, cavernes, circuits, chantiers, engins, robots, vaisseaux, châteaux, bateaux… sont autant de modules prenant la forme d’installations/décors ou de sculptures/architectures puisant leurs sources dans l’univers des jeux vidéo, des fast food, du manga, des légos ou des playmobils. Les réalisations d’espaces saturés oscillent souvent entre parc d’attractions et parcours du combattant.
L’oeuvre Holey Glory, la gloire trouée est un galionrésidence de 11m de long dans lequel ils se proposent de vivre durant 2 mois. Le temps d’escales, Dejode et Lacombe accueilleront les projets, les collaborations et interventions d’artistes invités autour de rencontres et d’échanges.
L’oeuvre prend la forme d’un bateau 3 mâts. Armé d’une structure d’aluminium revêtue de bois résiné et peint, celui-ci est fixé sur un fourgon militaire lui permettant ainsi d’être mobile et de naviguer, à l’aveugle. Il intègre un espace de vie et de travail visible par les ouvertures sur le flanc. Sur le pont, une cabane, un drapeau et une main signent l’amarrage de ce nouvel habitat. Leurs références se basent sur la culture et l’esthétique pop des 60’s, 70’s et 80’s (cinéma et séries B, musique, bandes dessinées, jeux vidéo, graphisme, science-fiction et littérature d’anticipation, art et kateboard…) C’est un art de la citation, de l’appropriation, du mixage et du mélange des genres.
Holey Glory est pensé comme la centrale d’une machine organique plus importante, aux formes anthropomorphiques et aux espaces ergonomiques. Dejode et Lacombe imaginent la production d’autres bateaux agglomérés et reliés entre eux par des passerelles, comme autant de plateformes d’expérimentations et de pôles de recherches dont chacun aurait une fonction spécifique.
Le projet sous-tend l’idée d’une ville, d’une île, d’une université conçue sur le principe de résidences, prenant la forme d’une entité robotique pour une expérience globale éphémère. L’œuvre ouvre également sur une résidence de production autour d’un futur projet nommé «Great Gold Rush », une grande ruée vers l’or inspirée des navires fantômes échoués sur les baies de San Fransisco utilisés dans la construction de nouvelles cités portuaires. Il s’inspire des territoires flottants et des premiers états pirates nés au 15ème siècle. L’objet auto génère ainsi ses propres formes, besoins et manifestations en s’appuyant sur les principes de collaboration, d’autogestion et d’autonomie.
«Et aujourd’hui alors que le monde est une dérive désenchantée, que les idéaux se sont ramassés bien au fond de l’abîme, écrasés en purée de misère, et que nous faisons figure de naufragés tétanisés, pris de vertige devant ce monde éclaté en une multitude de relais insaisissables, il me semble qu’il y a une urgence à voir de nouvelles îles fleurir en utopie», écrivent les artistes.
C’est sous la forme d’une île flottante et mobile pouvant être amarrée dans les eaux disposées à les accueillir que les artistes conçoivent Floating Land, comme un espace de vie pour une nouvelle communauté artistique. C’est «la quête d’un ailleurs autrement et d’un pas encore» qui motive ce travail, interrogeant la problématique de l’émancipation.
Vernissage
Samedi 3 septembre 2011