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Holeulone

La gestuelle et les corps à corps des deux acteurs-acrobates indiquent rapidement le contenu douloureux de la proposition. Ils décrivent tour à tour et conjointement une douleur personnelle, celle qui s’éveille lorsqu’une part de soi devient ennemie, quand le corps malade s’autonomise malgré soi, quand l’esprit vous joue des tours jusqu’à s’égarer totalement, quand la folie devient transe…

Les deux corps-marionnettes conversent à travers un jeu de contacts sensible qui parfois tourne à la clownerie et à la galipette. Karine Ponties dit explorer dans ses spectacles « l’univers du territoire de « l’Entre », de l’interstice entre les corps qui se frottent, des individualités en errance ». Holeulone en est une tentative partiellement aboutie. Sonder ainsi la cohabitation entre la conscience et l’inconscient n’est point chose aisée. Karine Ponties l’aborde en surface et la dimension comique semble plus souvent toucher le public que l’approche dramatique présentée comme l’enjeu de la performance. Car il s’agit bien d’une illustration tragique ; Holeulone, contraction phonétique de « All alone » — tout seul — ou « Hole alone » — trou seul — traite de la solitude et plus particulièrement celle du retour sur soi.

Si ce thème balbutie dans la chorégraphie, il est brillamment illustré à travers un dispositif scénographique, où sur le plancher incliné s’anime le film à l’encre de Thierry van Hasselt. La technique du monotype qu’il emploie consiste en un travail de peinture à l’encre sur plaque de verre sans cesse retravaillée au white spritit, puis capturé photographiquement et monté bout à bout jusqu’à la construction d’un film d’animation. Ce procédé rare et laborieux dessine pour Holeulone une illustration sensible du sentiment d’introspection et du trouble de la dualité. Les tons sépia, la nature mouillée et floue des pochades peignent sous nous yeux, au cœur de l’espace et sur les corps de Jaroslav Vinarsky et Eric Domeneghetty, des portraits tourmentés, brûlés, des horizons perturbés, des intérieurs vidés d’humanité. Cette animation projetée révèle le nœud dramatique autant que la dimension du spectacle. Et malgré certaines faiblesses, Holeulone reste un dialogue prometteur entre créateurs de différents horizons. A l’embarras nous préférons conserver la fraîcheur.

Horaires : 20h30. Création pour deux danseurs, 2005.

— Chorégraphie : Karine Ponties
— Film d’animation : Thierry Van Hasselt
— Texte : Mylène Lauzon et Eric Domeneghetty
— Lumières : Florence Richard
— Musique : Dominique Pauwels
— Scénographie : Wilfrid Roche avec Eric Domeneghetty et Jaroslav Vinarsky

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